Anny Wottitz

Anny Wottitz, aussi connue sous le nom de Anny Moller-Wottitz, née à Vienne le et décédée à Haïfa le , est une relieuse formée au Bauhaus.

Anny Wottitz, Étude des contrastes, Mouvement-Repos, 1919

Biographie

Anny Wottitz est née à Vienne le 19 mai 1900. Ses parents sont Josef Wottitz originaire de Hongrie et Irena Weiss[1] originaire de Roumanie. Elle a 3 sœurs : Rosa Sonnenscheinová, Marty Wottitz et Emmy Wottitz. Des lettres envoyées depuis le front autour de 1917, témoignent d'une liaison avec le compositeur Viktor Ullmann.

Anny Wottitz est l'élève de Johannes Itten dans son école privée à Vienne avec son amie Friedl Dicker. Elle rejoint ensuite l'enseignement donné par Itten à l'école du Bauhaus à Weimar en 1919 dans le cadre du groupe viennois et toujours dans le sillage de Dicker.

Elle devient apprentie dans la classe de reliure d'Otto Dorfner qui est un maître confirmé. La reliure, bien que peu connue, est un des premiers ateliers du Bauhaus. Otto Dorfner a été nommé par Henry Van de Velde, directeur d'atelier à l'École des arts et métiers de Weimar, puis est devenu directeur de l'atelier reliure du Bauhaus d'avril 1919 à mars 1922. Anny Wottitz n'obtiendra cependant un contrat d'apprentissage qu'en janvier 1921.

En 1922, après son examen de compagnon, Anny Wottitz dirige l'atelier de reliure, sans responsable depuis sept mois, jusqu'au . Elle s'installe alors à Berlin puis à Vienne où elle dirige un atelier temporaire avec Friedl Dicker.

L'atelier de reliure est fermé lorsque le Bauhaus est transféré à Dessau. Dessau.

En 1924, elle épouse à Vienne l'entrepreneur textile Hans Moller[2] et emménage dans la villa[3] que celui-ci a fait construire par l'architecte Adolf Loos. Leur fille Judith naît en 1926.

Anny étant juive, elle doit fuir le nazisme et part, en 1939 pour l'Angleterre avec Judith[2]. En 1940, elles émigrent en Palestine, où Anny travaille comme enseignante.

Anny Wottitz meurt à Haïfa en 1945.

La correspondance écrite avec Friedl Dicker a été remise par sa fille à l'Université des arts appliqués de Vienne à la fin des années 1990.Œuvre

Le travail de Anny Wottitz illustre les tensions au Bauhaus, à un moment où les arts appliqués et les beaux-arts s'éloignent l'un de l'autre et où s'établit une hiérarchie. Le potentiel artistique est exclusivement attribué à l'un tandis que l'autre est traité de « simple artisanat ». Pendant que le design se développe en collaboration avec l'industrie, le Bauhaus perd de vue le potentiel intellectuel de l'artisanat : une connaissance des matériaux, des formes et des procédures. Otto Dorfner, le maître de la reliure, a identifié ce problème et critiqué cette hiérarchie entre art et artisanat. Il prône respect et égalité mutuels.

La collaboration avec le maître d'atelier est cependant un peu difficile. Otto Dorfner s’intéresse particulièrement aux techniques de la reliure. Il attache beaucoup d'importance à la maîtrise de la technique, la perfection et la solidité du travail tandis qu'Anny Wottitz expérimente divers matériaux et techniques et s'inspire de la pratique artistique de Johannes Itten et Theo van Doesburg.

Son approche artistique se situe un peu entre l'art textile de par les matériaux utilisés, les techniques de nœuds, teinture et couture et celui de la reliure où ses fibres végétales déchirées, l'utilisation de gousses de plantes, la gravure sur du bois de bouleau, la confection malhabile peuvent passer pour des gestes subversifs[4].

Le travail le plus connu d'Anny Wottitz est la reliure semi rigide conçue pour African Fairy Tales (Contes de fée africains) illustré par Elisabeth Weber, pour lequel elle a gravé, cousu et assemblé des matériaux divers: fibres végétales avec des motifs de style africain découpés et teints, ficelle, gousses…, de façon à évoquer l'exotisme de l'art primitif africain tel qu'on le percevait à cette époque.

D'autres reliures de Anny Wottitz imitent des techniques médiévales : bandes tressées, lanières lacées dans des panneaux en bois et collage médiocre...

Elle se soucie assez peu de la fonctionnalité et, si son travail artistique est attractif de par le traitement des couleurs et les formes géométriques, les matériaux récalcitrants qu'elle utilise et sa maîtrise insuffisante des techniques font que ses reliures se dégradent rapidement. La reliure de African Fairy Tales est inutilisable, elle est cassée aux articulations de façon irréversible.

Bibliographie

  • (de)Bettina Behr: Bühnenbildnerinnen: Eine Geschlechterperspektive auf Geschichte und Praxis ..., Bielefeld, Gender studies, 2013, (ISBN 978-3-7400-1070-6)extraits en ligne
  • Magdalena Droste: Bauhaus 1919-1923, Cologne, Taschen 2015.
  • (de)Ilse Korotin (éd.): biografıA. Lexikon österreichischer Frauen, Vienne / Cologne / Weimar, Böhlau, 2016, (ISBN 978-3-205-79590-2)
  • (de) Ulrike Müller: Die klugen Frauen von Weimar. Regentinnen, Salondamen, Schriftstellerinnen und Künstlerinnen, Munich, Sandmann, 2007, (ISBN 978-3-938045-19-0) .
  • (de)Volker Wahl, Ute Ackermann, Die Meisterratsprotokolle des Staatlichen Bauhauses Weimar, 1919 bis 1925 Weimar, JB Metzler, coll « Veröffentlichungen aus thüringischen Staatsarchiven, 6», 2001, (ISBN 978-3-7400-1070-6), p. 460 .
  • (de)Klaus-Jürgen Winkler: Bauhaus-Alben 3: Weberei, Wandmalerei, Glasmalerei, Buchbinderei, Steinbildhauerei. Weimar, Bauhaus-Universität, 2008, (ISBN 978-3-95773-023-7) .

Liens externes

Références

  1. (en) « Elena Makarova Initiatives Group Production », sur http://www.makarovainit.com/, (consulté le )
  2. (nl) « Anny Moller », sur https://www.myheritage.nl (consulté le )
  3. « ✅ Villa Moller - Data, Photos & Plans », sur WikiArquitectura (consulté le )
  4. (de) Klassik Stiftung Weimar, « Bauhaus-Lieblinge: Bucheinbände von Anny Wottitz » (consulté le )
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