Annie Playden

Annie Playden, née en Angleterre le et morte en 1967[1], a inspiré à Guillaume Apollinaire les poèmes Annie, La Chanson du mal-aimé et L'Émigrant de Landor Road.

La relation entre Annie Playden et Apollinaire

Apollinaire, en , trouve un emploi dans une officine financière où il fait la connaissance de René Nicosia. La mère de celui-ci est le professeur de piano de Gabrielle, la fille de Élinor Hölterhoff, vicomtesse de Milhau. Celle-ci cherchant un professeur de français pour Gabrielle, madame Nicosia lui présente Guillaume Apollinaire qui est engagé en . Quand la vicomtesse de Milhau décide de faire un long séjour en Allemagne où sa famille habite, à Honnef et à Neu-Glück (près d'Oberpleis (de))[2],[3], Apollinaire est du voyage, ainsi qu'Annie Playden, la gouvernante anglaise de Gabrielle. Une idylle s'ébauche entre les deux jeunes gens (ils sont nés tous deux en 1880). En , Apollinaire a terminé son contrat d'un an et il rentre à Paris. En , il se rend à Londres, où il loge chez son ami Faik Konica (en), pour tenter de reprendre contact avec Annie Playden, rentrée en Angleterre. Il y retourne en , mais s'y heurte au refus de la jeune fille[4].

Peu de temps après, Annie Playden quitte l'Angleterre et s'installe aux États-Unis. Elle y fut retrouvée cinquante ans plus tard par des spécialistes d'Apollinaire, devenue Mrs Postings. Elle n'avait aucune connaissance de la destinée de son soupirant, qu'elle ne connaissait que sous le nom de Wilhelm Kostrowicki et qu'on appelait « Kostro »[5],[6].

Le témoignage d'Apollinaire

« « Aubade » n’est pas un poème à part mais un intermède intercalé dans « La Chanson du mal aimé » qui datant de 1903 commémore mon premier amour à vingt ans, une Anglaise rencontrée en Allemagne, ça dura un an, nous dûmes retourner chacun chez nous, puis ne nous écrivîmes plus. Et bien des expressions de ce poème sont trop sévères et injurieuses pour une fille qui ne comprenait rien à moi et qui m’aima puis fut déconcertée d’aimer un poète, être fantasque ; je l’aimais charnellement mais nos esprits étaient loin l’un de l’autre. Elle était fine et gaie cependant. J’en fus jaloux sans raison et par l’absence vivement ressentie, ma poésie qui peint bien cependant mon état d’âme, poète inconnu au milieu d’autres poètes inconnus, elle loin et ne pouvant venir à Paris. Je fus la voir deux fois à Londres, mais le mariage était impossible et tout s’arrangea par son départ à l’Amérique, mais j’en souffris beaucoup, témoin ce poème où je me croyais mal-aimé, tandis que c’était moi qui aimait mal et aussi « L’Émigrant de Landor Road » qui commémore le même amour, de même que « Cors de chasse » commémore les mêmes souvenirs déchirants que « Zone », « Le Pont Mirabeau » et « Marie » le plus déchirant de tous je crois. »

 Guillaume Apollinaire, Lettre à Madeleine Pagès, 30 juillet 1915[7]

Bibliographie

  • (en) Francis Steegmuller, Apollinaire, Poet Among The Painters, New York, Farrar, Straus & Company, 1963
  • (en) John Adlard, One evening of light mist in London : the story of Annie Playden and Guillaume Apollinaire, Edinburgh, Tragara Press, 1980 ; traduction en français par Pierre Coustillas, Un soir de demi-brume à Londres : Annie Playden, amour de Guillaume Apollinaire, Reims, À l'écart, 1988
  • (de) Helmut von Fisenne, « Apollinaires Arbeitgeber und Gastgeber : die Familien Hölterhoff, de Milhau und von Fisenne », in Kurt Roessler (dir.), Guillaume Apollinaire an Mittelrhein und Mosel 1901 - 1902, Andernacher Beiträge 17, Andernach, 2002, p. 44-52 (ISBN 3-9807996-0-3)

Références

  1. Michel Décaudin, Guillaume Apollinaire, Séguier, 1986, p. 35
  2. Roger Barny, Études textuelles, volume 6, 1991, p. 166
  3. E.M. Wolf (de), « Apollinaire en Rhénanie »Mercure de France, 1933/08/01 (t. 245, n°843), p. 591 lire en ligne sur Gallica
  4. « Chronologie », in Apollinaire, Œuvres poétiques, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1965, p. LVIII-LIX
  5. Robert Goffin, « Dans un ranch de Californie une vieille dame apprend qu'elle a été l'héroïne amoureuse d'un grand poète français », Le Figaro littéraire, 5 juillet 1947 ; LeRoy C. Breunig, « Apollinaire et Annie Playden », Mercure de France, no 1064, 1er avril 1952, p. 638-652 ; Francis Steegmuller (en), « In a House in Westchester Lives Apollinaire's Bluebird », The New York Times le 15 septembre 1963 ; Francis Steegmuller, « Une visite chez Annie », Revue des lettres modernes, 1963, no 85-89, p. 131-140
  6. (en) James Campbell, « To London, for love » , sur guardian.co.uk, The Guardian, (consulté le ).
  7. cité in Apollinaire, Œuvres poétiques, p. 1046

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