Algorithme de McNaughton et Yamada

En informatique théorique, et notamment en théorie des automates finis, l'algorithme de McNaughton et Yamada est un algorithme pour calculer une expression régulière à partir d'un automate fini. Elle porte le nom de Robert McNaughton et Hisao Yamada, deux scientifiques américain et japonais qui ont décrit l'algorithme[1]. Cet algorithme est également appelé algorithme de Kleene.

On appelle également algorithme de McNaughton et Yamada un autre algorithme, donné dans le même article[1], qui permet de construire un automate sans epsilon transitions à partir d'une expression régulière.

Principe

Étant donné un automate à n états, et dont les états sont numérotés de 1 à n, on donne une expression pour les langages composés des mots qui étiquettent les chemins de i à j, pour tout couple i, j. Cette expression est construite par récurrence au moyen d'une condition sur les chemins ; cette condition stipule que les chemins ne passent que par certains états autorisés. À chaque itération de l’algorithme, on fixe un nouvel état par lequel on s’autorise à passer. À la fin de l’algorithme, on obtient alors tous les chemins possibles.

Le fonctionnement de cet algorithme rappelle alors l’algorithme de Floyd-Warshall sur les graphes, où à chaque nouvelle étape, on s’autorise à passer par un nouveau sommet fixé.

Description

Soit un automate fini sur un alphabet , donné par un ensemble fini d'états , un ensemble de transitions, et des ensembles d'états initiaux respectivement terminaux.

On note l'ensemble des mots qui sont étiquettes de chemins de à . Le langage reconnu par l'automate est l'ensemble

L'algorithme de McNaugthon et Yamada est une méthode pour calculer des expressions régulières pour les .

On note l'expression pour l’ensemble des mots qui étiquettent des chemins de à et dont tous les sommets intermédiaires sont inférieurs ou égaux à . Les sommets de départ et d’arrivée ne sont pas intermédiaires, donc ils ne sont pas soumis à la contrainte d’être inférieurs ou égaux à .

On construit les par récurrence sur , en commençant avec , et en terminant avec . Lorsque , la contrainte sur n’est plus une restriction, et si , et .

Pour , comme les sommets sont numérotés à partir de 1, la contrainte exprime simplement qu’il n’y a pas de sommet intermédiaire. Les seuls chemins sont des transitions de à (on ignore un chemin de longueur 0 en un état ).

On a donc

Pour la récurrence, on considère un chemin de à dont les sommets intermédiaires sont plus petits que . Deux cas sont alors possibles :

  1. les sommets intermédiaires sont plus petits que ; alors l’étiquette est dans ;
  2. le chemin passe par l’état . On décompose alors le chemin en parties dont les sommets intermédiaires sont plus petits que . Pour cela, on considère chaque occurrence du sommet dans ce chemin : entre deux occurrences consécutives, les sommets intermédiaires sont plus petits que k-1. On a alors la formule
.

Il y a donc étapes (). Chacune des étapes demande le calcul de expressions, et la taille des expressions elles-mêmes croît avec . S’il est facilement programmable, l’algorithme est assez pénible à la main. Il est alors utile d’utiliser les règles qui permettent de simplifier des expressions régulières.

Pseudo-code

On va représenter les (respectivement ) sous forme de matrices, dont le coefficient en est (respectivement ). On a alors, pour un automate fini à états sur l'alphabet :

  Fonction McNaughton-Yamada()
       \\à l'itération k de la boucle for, cette matrice représente 
     for  to 
         for  to 
             for  to 
                
     R :=   \\expression rationnelle à retourner
     for :
         for :
             if  then
                R := R +  +  \\on n'ajoute  qu'aux 
             else
                R := R + 
     retourner R
  Fin Fonction

Exemples

Un premier exemple

L'automate considéré.

Appliquons l'algorithme de McNaughton et Yamada à l'automate représenté. On va utiliser la représentation matricielle introduite dans la partie précédente. On a :

  • ;
  • ;
  • .

D'où .

Le langage reconnu par est alors dénoté par l'expression rationnelle . Après simplifications, on a , ce qui est bien le résultat attendu.

L'automate , avec les états numérotés dans l'ordre inverse.

Considérons maintenant le même automate, mais avec une numérotation différente des états. L'algorithme appliqué à cet automate donne :

D'où .

est alors dénoté par , soit exactement la même expression rationnelle que précédemment : pour cet exemple particulier, le choix du nouvel état autorisé à chaque étape ne change pas l'expression rationnelle obtenue en fin d'algorithme.

Un deuxième exemple, où la numérotation des états change le résultat

L'automate .

Donnons maintenant l'exemple présenté dans l'ouvrage de référence de Sakarovitch[2]. Appliquons maintenant l'algorithme à l'automate . On a :

  • .

D'où .

L'automate , avec les états numérotés dans l'ordre inverse.

De même que pour le premier exemple, appliquons à nouveau l'algorithme en changeant la numérotation des états. On a :

  • .

D'où  : l'expression rationnelle obtenue pour le même langage est différente.

Notes et références

  1. McNaughton et Yamada 1960.
  2. (en) Jacques Sakarovitch, Elements of automata theory, Cambridge, Cambridge University Press, , 782 p. (ISBN 978-0-521-84425-3, notice BnF no FRBNF42078268), p.96

Bibliographie

  • (en) Robert McNaughton et Hisao Yamada, « Regular expressions and state graphs for automata », IRE Trans. Electronic Computers, vol. EC-9, no 1, , p. 39-47 (DOI 10.1109/TEC.1960.5221603).
  • (en) John E. Hopcroft, Rajeev Motwani et Jeffrey D. Ullman, Introduction to Automata Theory, Languages, and Computation, Pearson Addison Wesley, , 3e éd., xvii+535 p. (ISBN 978-0-321-45536-9 et 0201441241) — Section 3.2.1 From DFA’s to Regular Expressions, p.  93-98.
  • (en) Jacques Sakarovitch, Elements of automata theory, Cambridge University Press, , 782 p. (ISBN 978-0521844253), p. 96

Articles connexes

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