Albert de Rochas d'Aiglun

Eugène Auguste Albert de Rochas d'Aiglun, né à Saint-Firmin (Hautes-Alpes) le et mort à Grenoble le , est un militaire, polytechnicien, auteur, éditeur, traducteur et cartographe français.

Albert de Rochas d'Aiglun
Nom de naissance Eugène Auguste Albert de Rochas d'Aiglun
Naissance
Saint Firmin, France
Décès
Grenoble, France
Activité principale
Auteur d'études historiques et d'expérimentations paranormales.
Auteur
Langue d’écriture français

Auteur d'études sur les sciences militaires et le paranormal, il se spécialise vers la fin de sa vie dans le spiritisme, magnétisme, hypnose, lévitation, réincarnation. Ses travaux sont reconnus par Henri Bergson, Charles Richet, Camille Flammarion et Émile Boirac[1]. Il reprend les travaux de Jean-Martin Charcot et a comme disciple, Charles Lancelin, pionnier de l'étude du voyage astral.

Albert de Rochas d'Aiglun est issu de la famille Rochas, ancienne famille française notable originaire du Gapençais.

Biographie

Issu d'une famille notable de Gap, Albert de Rochas d'Aiglun est le fils d'Eugène Marie Joseph de Rochas d'Aiglun (1805-1878), juge au tribunal de Briançon, et de Camille Félicité Jayet (1813-1894). Son arrière grand-père, Joseph-Dominique de Rochas (1733-1807), avocat de formation, premier consul de Gap de 1762 à 1764, puis maire de Gap de 1775 à 1777 a écrit Mémoire sur la ville de Gap depuis l'origine jusqu'à l'an 1800 et son grand-père, Jacques François Joseph de Rochas (1761-1817), avocat au Parlement, bailli de Champsaur avant la Révolution française , puis juge au tribunal civil de Gap, a écrit Nouveau pas sur les Sentiers de la Nature. Concernant les causes physiques des secousses réitérées des Tremblemens de terre. Système sur la matérialité de l'axe du globe terrestre ; le tout accompagné de quelques particularités qui ont rapport aux Sciences Physiques, Naturelles, et à l'Antiquité, traits d'Histoire et Réflexions morales. Ouvrage utile à l'enseignement de la Jeunesse. Par un habitant des Hautes-Alpes.

Après des études au lycée de Grenoble, il entre à l'École polytechnique en 1857 et en sort officier du génie. Il prendra sa retraite comme lieutenant-colonel en 1888. Il est nommé administrateur de l’École polytechnique et fait partie, en qualité de secrétaire, du comité de rédaction du Livre du centenaire. Pendant sa période à l’École polytechnique, il a un attrait pour le dessin[2]. Il se marie le 20 novembre 1866 à Voiron avec Adèle Dode de La Brunerie (1846-1901), petite-nièce du maréchal Guillaume Dode de la Brunerie. Il est résident de l'Académie delphinale[3]: il y est reçu en 1872 au fauteuil numéro 29[4].

Il écrit de nombreux articles dans les revue de vulgarisation scientifique, La Nature et Revue scientifique. S’intéressant aux sciences militaires, il écrit de nombreux ouvrages d'érudition sur l'histoire militaire des Alpes et les fortifications. En particulier, il publie la correspondance de Vauban. Il participe à la revue l'Initiation[5] et s'intéresse aux travaux sur les hirondelles de guerre de Jean Desbouvrie[6].

En 1892, il se consacre à des études sur les phénomènes paranormaux : spiritisme, magnétisme, hypnose, lévitation, réincarnation. Il se lance dans des recherches sur l'hypnose et de ses expériences sur des volontaire, il découvre un nouvel état psychique qu’il nomme extériorisation de la sensibilité[7]. Albert de Rochas d'Aiglun dit qu'il existe autour des personnes, une zone de fluide sensible, cette zone sensible peut traverser les substances, passer d'une pièce dans l'autre et la personne peut sentir un contact quelconque, dans une pièce où il ne s'y trouve pas. Il dit aussi que lorsque l'on magnétise un sujet, la sensibilité disparaît à la surface de la peau, chose qui est connue mais il découvre que cette sensibilité s'extériorise, ce qu'il appelle une couche sensible dite zone de fluide sensible. Il pense que ce phénomène pourrait justifier les hypothèses de la télépathie. La même année, il publie Les États profonds de l'hypnose où il reprends les travaux de Jean-Martin Charcot.

En 1893, Papus écrit un article sur les travaux d'Albert de Rochas d'Aiglun, dans Annales de psychiatrie et d'hypnologie dans leurs rapports avec la psychologie et la médecine légale. Papus accuse le docteur Ernest Hart (qui publiera en 1896, Hypnotisme, mesmérisme et la nouvelle sorcellerie[8]) d'avoir publié un article dans le Times, dans lequel ce dernier confondait les travaux de Jules Bernard Luys et d'Albert de Rochas d'Aiglun. Papus testera tout de même certaines expériences d'Albert de Rochas d'Aiglun[9].

Il écrit en 1900, Les sentiments, la musique et le geste, qui contient des reproductions de photographies de Lina de Ferkel par Félix Nadar, médium et sujet d'études pour de Rochas d'Aiglun. En 1901, Albert de Rochas d'Aiglun, assiste a une conférence sur le rêve, donnée par Henri Bergson, à l’hôtel des Sociétés savantes sous le patronage de l’Institut psychologique international et publie la même année, un article sur cette conférence, dans les Annales des sciences psychiques[10].

Albert de Rochas d'Aiglun écrit en 1911, Les vies successives, dans lequel, il fait part de ses expériences d'hypnose sur plusieurs sujets avec le but de les faire régresser dans d'éventuelles vies antérieures. Le principe de ces expériences d'après l'anthropologue, Emmanuel Grimaud, et de mettre en place un dispositif d’induction, par petites régressions, en reculant peu à peu, à partir du présent jusqu’à l’état fœtal. Parmi ses cobayes, on trouve Joséphine qui lors d'une expérience régresse ainsi à l’état de Jean‑Claude Bourdon, un paysan, puis à celui de Philomène, une vieille femme méchante dont Albert de Rochas d'Aiglun découvre bientôt que les douleurs ressenties pendant l'expérience par Joséphine sont dues à l’expiation de crimes antérieurs. Albert de Rochas d'Aiglun découvre que le cobaye peut régresser de sa naissance jusqu’à une mort antérieure, un corps antérieur et, parfois, vers d’autres naissances préalables qui cachent d’autres morts et d’autres corps antérieurs. Albert de Rochas d'Aiglun a la certitude qu'il s’agit bien de vies successives et non de souvenirs. Lors des régressions, les cobayes incarnent la personnalité qui les habite, donnant lieu à un véritable théâtre de la réincarnation. Albert de Rochas d'Aiglun ouvre ainsi la voie à un questionnement sur les frontières de la mémoire, à propos de laquelle il maintient l’incertitude, notant qu’il est impossible de déterminer si ces incarnations ne sont pas des romans subliminaux[11].

En juin 1914, sous l'initiative du professeur Marco Tullio Falcomer, licencié des facultés consulaire et magistrale de l École supérieure royale de Venise et auteur d'Introduction au spiritualisme expérimental moderne[12], se réunissent des spécialistes du psychisme pour organiser le jubilé scientifique d'Albert de Rochas d'Aiglun[13] dont figurent Henri Bergson, philosophe, Charles Richet, physiologiste, Camille Flammarion, astronome et Émile Boirac, philosophe et médium.

Alors qu'il possède une résidence à l'Agnelas, près de Voiron, il meurt à Grenoble où il s'est retiré, au tout début de la première guerre mondiale, le 2 Septembre 1914, ayant suivi les premiers combats qui avaient commencé au mois d’août, avec son regard d'ancien militaire. Il espérait une victoire de la France, mais il craignait aussi une débâcle militaire, comme pour la guerre de 1870.

Publications

Photographie extraire du livre L'extériorisation de la motricité d'Albert de Rochas, Carqueiranne, 1894
Planche couleur extraite de L'extériorisation de la sensibilité d'Albert de Rochas, Paris, 1899.
Planche couleur extraite de L'extériorisation de la sensibilité d'Albert de Rochas, Paris, 1899.
Croquis représentant la zone de fluide sensible d'une personne, Paris, 1899.
Photographie d'esprit présumé prise par Albert de Rochas d'Aiglun, Paris, 1909
Ouvrages
  • Les Vallées vaudoises, étude de topographie et d'histoire militaires, Tanera, Paris, 1880
  • Principes de la fortification antique. Précis des connaissances techniques nécessaires aux archéologues pour explorer les ruines des anciennes forteresses, Tanera, Paris, 1881
  • La Science des philosophes et l'art des thaumaturges dans l'antiquité, G. Masson, Paris, 1882
  • La Science dans l'antiquité. Les Origines de la science et ses premières applications, G. Masson, Paris, 1884
  • Le Livre de demain, Raoul Marchand, Blois, 1884, imprimé sur 46 sortes de papiers différents, dont de nombreux papiers de couleurs.
  • Les Forces non définies, recherches historiques et expérimentales, G. Masson, Paris, 1887
  • Le Fluide des magnétiseurs, précis des expériences du Bon de Reichenbach sur ses propriétés physiques et physiologiques, classées et annotées par le lieutenant-colonel de Rochas d'Aiglun, G. Carré, Paris, 1891
  • L'origine des troupes alpines, Baratiet et Darbelet, 1891
  • Les États profonds de l'hypnose, Chamuel, Paris, 1892
  • L'Envoûtement, documents historiques et expérimentaux (1868), Chamuel, Paris, 1893
  • Les États superficiels de l'hypnose (1865), Chamuel, Paris, 1893
  • L'Extériorisation de la sensibilité, étude expérimentale et historique, Bibliothèque Chacornac, Paris, 1895
  • L'extériorisation de la motricité, recueil d'expériences et d'observations, Chamuel éditeur, Paris, 1896
  • La Lévitation du corps humain, P.-G. Leymarie, Paris, 1897
  • Les Sentiments, la musique et le geste, H. Falque et F. Perrin, Grenoble, 1900
  • Les Frontières de la science, Librairie des sciences psychologiques, Paris, 2 volumes, 1902-1904. 1re série
  • L'Extériorisation de la motricité, Bibliothèque Chacornac, Paris, 1906
  • Les tremblements de terre à Lisbonne, 1910
  • Vauban, sa famille et ses écrits, ses oisivetés et sa correspondance : analyse et extraits, Berger-Levrault, Paris, 2 volumes, 1910
  • Les Vies successives, documents pour l'étude de cette question, Bibliothèque Chacornac, Paris, 1911
  • La Suspension de la vie, Dorbon aîné, Paris, 1913
Articles
Éditions
  • Vauban de Sébastien Le Prestre, 1910
  • Le fluide des magnétiseurs, de Karl Ludwig Friedrich Reichenbach, 1891
  • Projet d'une carte politique de l'Europe par Vauban en 1706, Sébastien Le Prestre, 1891
  • Mémoire de la guerre sur les frontières du Dauphiné et de Savoie de 1742 à 1747, de Brunet, 1887
  • La Science des philosophes et l'art des thaumaturges dans l'antiquité... [Les Pneumatiques.], Philon de Byzance et autre(s), 1882
  • Pensées et mémoires politiques inédits de Vauban, recueillis par A. de Rochas d'Aiglun,..., Sébastien Le Prestre, 1882
  • La topographie militaire de la frontière des AlpesA. de Montannel, 1875
  • Contes amoureuxJeanne Flore
Traductions
  • Les Pneumatiques de Héron d'Alexandrie
  • Poliorcétique des Grecs. Traité de fortification, d'attaque et de défense des places, trad. Albert de Rochas, C. Tanera, 1872.
  • Syntaxe méchanique de Philon de Byzance
  • La Mort, l'au-delà, la vie dans l'au-delà, par le Bon Carl Du Prel, Carl Du Prel, 1905
Préfaces
  • Essai d'une bibliographie française méthodique et raisonnée de la sorcellerie et de la possession démoniaque, pour servir de suite et de complément à la Bibliotheca magica, de Robert-Charles Yve-Plessis, 1900
  • Essai d'une bibliographie française méthodique raisonnée de la sorcellerie et de la possession démoniaque, de Robert-Charles Yve-Plessis, 1900
  • Poliorcétiques" de Apollodore de Damas, Paris, 1890
  • Lettres d'amour de la religieuse portugaise de Mariana Alcoforado, 1949
  • Les Côtés obscurs de la nature, ou Fantômes et voyants, de Catherine Crowe, 1900
  • Mémento du soldat, Mihail Ivanovič Dragomirov, 1889

Les articles de ces revues sont publiés indifféremment sous les noms de A. de Rochas, M. D'Aiglun Lt-Colonel de Rochas.

Distinctions et décorations

  • Membre honoraire de l'Académie Delphinale
  • Membre honoraire de l'Académie de Savoie[14]
  • Membre honoraire de l'Académie de Blois
  • Membre honoraire de l'Académie d'Aix
  • Médaille de 500 francs de l'Association Revue des Études Grecques en 1875[15]
  • Chevalier de la Légion d'Honneur en 1875[16]
  • Officier de la Légion d'Honneur en 1889[17]

Bibliographie

Source

Liens externes

Notes et références

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