Ajahn Brahm

Ajahn Brahmavamso Mahathera (aussi appelé Ajahn Brahm), de son nom de naissance Peter Betts, est né à Londres le . Ajahn Brahm est l'abbé du monastère Bodhinyana, de Serpentine (en) (petite ville d'Australie-Occidentale d'environ 2 000 habitants), le directeur spirituel de la Buddhist Society of Western Australia, le conseiller spirituel de la Buddhist Society of Victoria, le conseiller spirituel de la Buddhist Society of South Australia, le patron spirituel de la Buddhist Fellowship de Singapour, et le patron spirituel du Bodhikusuma Centre de Sydney.

Premières années

Ajahn Brahm, venant d'un milieu ouvrier, a pu étudier la physique théorique à la Cambridge University à la fin des années 1960. Après son doctorat obtenu à Cambridge, il a enseigné une année dans le secondaire avant de partir voyager en Thaïlande pour devenir moine et s'entraîner avec le Vénérable Ajahn Chah Bodhinyana Mahathera.

Études et ordination

Ajahn Brahm fut ordonné à Bangkok à l'âge de 23 ans par l'abbé de Wat Saket. Chaokhun Brahm lui donna son nom de Brahmavamso (brahma : excellente, vamsa : lignée).

Il consacra ensuite neuf années à étudier et à s'entrainer dans la tradition des Moines de la forêt sous la direction d'Ajahn Chah. C'est un des élèves d'Ajahn Chah parmi les plus célèbres, avec Ajahn Sumedho.

Arrivée en Australie

Brahm fut invité à Perth (Australie-Occidentale) par la Buddhist Society of Western Australia pour assister Ajahn Jagaro dans son enseignement. En 1983 ils achetèrent 97 acres (39 300 m2) de terrain forestier sur les collines de Serpentine, au sud de Perth. Ce lieu devint le monastère Bodhinyana (du nom de leur instructeur, Ajahn Chah Bodhinyana). Bodhinyana devint ainsi le premier monastère bouddhique de l'hémisphère sud et représente aujourd'hui la plus grande communauté de moines bouddhistes d'Australie.

Ajahn Brahm apprit la plomberie et la maçonnerie et construisit lui-même plusieurs bâtiments du monastère.

Vers la notoriété

Ajahn Brahm prit en 1994 la succession d'Ajahn Jagaro (en congé sabbatique) à la tête de la Buddhist Society of Western Australia. Il fut bientôt invité à dispenser son enseignement en Australie et en Asie du Sud-Est. Il s'est exprimé au Sommet Bouddhiste International de Phnom Penh en 2002, ainsi qu'à trois GCB (Global Conferences on Buddhism). Il consacre aussi du temps et de l'attention aux malades et aux mourants, en prison ou malades du cancer, à ceux qui veulent apprendre la méditation, et aussi à son sangha de moines de Bodhinyana.

Ajahn Brahm a aussi permis d'établir comme monastère indépendant le monastère de nonnes de Dhammasara à Gidgegannup au nord-est de Perth, dirigé par la nonne australienne Ajahn Sr. Vayama.

À la suite, le , de sa participation dans l'ordination unilatérale de 4 bhikkhunis, il a été exclu du lignage des monastères d'Ajahn Chah le par décision unanime à l'occasion d'une assemblée exceptionnelle.[1] Cette assemblée était composée des disciples thaïlandais seniors de Ajahn Chah ainsi que Ajahn Sumedho. En Thaïlande, contrairement au Sri Lanka, l'opposition à la restoration d'une ligne d'ordination complète des femmes reste extrêmement vive.

Réalisations

Lorsqu'il était moine novice, Ajahn Brahm a entrepris la compilation anglaise d'un guide du code monastique bouddhique, le Vinaya, qui devint ensuite la base de la discipline monastique de nombreux monastères Theravada en Occident.

En , Ajahn Brahm a reçu de la Curtin University la médaille John Curtin pour sa vision, son leadership et son engagement dans la communauté australienne. Il travaille actuellement avec des moines et des nonnes de toutes les traditions bouddhistes pour établir la Australian Sangha Association.

Il a écrit plusieurs livres, notamment un manuel de méditation Theravada (Mindfulness, Bliss, and Beyond: A Meditator's Handbook) qui expose en détail les techniques de méditation jhāna. Ses écrits et ses sermons foisonnent d'anecdotes et témoignent d'un humour particulier, non dépourvu d'autodérision. Pour cette raison, certains le surnomment le Seinfeld du bouddhisme.

Ajahn Brahm est également un chaud partisan du dialogue interreligieux, ainsi il a participé le avec l'évêque anglican Roger Herft (en) à un dialogue public intitulé : "que pourraient se dire Jésus et le Bouddha ?"[2]

Enseignement

Les ouvrages d'Ajahn Brahm et ses conférences permettent de dégager un enseignement bouddhique original.

L'exposé qu'il fait du bouddhisme se veut rationnel et adapté à la mentalité occidentale. Sa culture scientifique lui permet de porter un regard critique sur la science :

La science moderne ne cherche pas à remettre en question ses théories favorites. Il y a trop d'intérêts en jeu : pouvoir, prestige, fonds alloués à la recherche. Se consacrer courageusement à la recherche de la vérité ferait sortir de leur confort beaucoup trop de scientifiques. La plupart voient le monde par le petit bout de la lorgnette, un lavage de cerveau et une étroitesse d'esprit dus à leur éducation et aux colloques internes. Les pires sont ceux qui se comportent comme des évangélisateurs, prétendent détenir seuls la vérité, et exigent le droit d'imposer leur point de vue aux autres[3].

Il considère que le bouddhisme est une vraie science, une "technologie de l'esprit" sans dogme, qui permet une exploration approfondie de l'esprit[4], sans a priori. Ainsi la science moderne, dans son dogmatisme, rejette l'hypothèse de la réincarnation, refusant d'examiner des preuves scientifiques pourtant très probantes selon Ajahn Brahm, comme les travaux de Ian Stevenson. Il soutient aussi (comme avant lui Arthur Schopenhauer) la thèse d'une influence très forte du bouddhisme sur le christianisme originel (via l'Inde et l'Égypte), avec des arguments historiques[5].

Conformément à l'enseignement de l'école Theravāda, Ajahn Brahm insiste sur l'éthique et sur la méditation. L'attitude du méditant devrait être une attitude de contentement, de refus de l'autoculpabilisation et de la haine de soi-même (caractéristique occidentale, selon Ajahn Brahm), d'acceptation de la vie dans ses aspects positifs et négatifs, pour aller au-delà de la souffrance. En elle-même, la souffrance résulte du fait qu'on "demande à la vie plus que ce qu'elle peut nous donner", et qu'on croit pouvoir la contrôler, alors qu'elle est incontrôlable.

Bibliographie

  • Opening the Door of Your Heart: And Other Buddhist Tales of Happiness (publié ensuite en 2005 sous le titre Who Ordered This Truckload of Dung?: Inspiring Stories for Welcoming Life's Difficulties). Traduction française : La Sagesse du moine, éd. Almora, 2013.
  • Mindfulness, Bliss, and Beyond: A Meditator's Handbook (avec Jack Kornfield, 2006). Traduction française : Manuel de méditation selon le bouddhisme Theravâda, éd. Almora, 2011.
  • The Art of Disappearing: Buddha's Path to Lasting Joy, Wisdom Publications, 2011.
  • Good? Bad? Who Knows? (autoédition), 2013.

Notes et références

Liens externes

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