Joseph Guibord

Joseph Guibord est un typographe montréalais né à Sainte-Anne-de-Varennes le et décédé le à Montréal[1]. Il a contribué à la fondation de l'Institut canadien de Montréal (1844-1880)[2]. Cet institut avait été créé, par de jeunes libéraux, dans le but notamment d'avoir accès à certaines œuvres provenant des auteurs du Siècle des Lumières tels que Diderot, Montesquieu et Voltaire qui avaient été mises à l'index par l'Église[3].

Biographie

Joseph Guibord naît le à Sainte-Anne-de-Varennes (aujourd'hui Varennes) dans la région Montérégie (Québec, Canada)[4]. Son père se nomme Paul Guibord, dit Archambault et sa mère Marie-Anne Célerier, dite Roch[4]. Il se marie à Montréal, le , à Henriette Brown.

En 1838, Joseph Guibord imprime avec John Lovell le journal le Populaire (Montréal)[4].

Il travaille comme typographe puis contremaître à l’imprimerie de Louis Perrault[4].

En 1854, il réalise l’impression d’un catéchisme en langue indienne (premier livre stéréotypé canadien), à la demande de l’abbé André-Marie Garin[4].

Il agit comme typographe pour le journal Le Pays et comme membre et vice-président de l'Institut canadien de Montréal. Joseph Guibord décède à Montréal le [4].

L'affaire Guibord

L'affaire Guibord suscita une abondante production pamphlétaire, comme cette chanson anonyme, Enfouissement de l'excommunié Joseph Guibord (1875), publiée par un opposant à l'inhumation du défunt en terre catholique

Avant le décès Guibord, l'Institut canadien de Montréal fait face à un important conflit qui l'oppose aux membres du clergé canadien français dont l'autorité religieuse Monseigneur Ignace Bourget, évêque de Montréal[5]. À la suite du décès de Guibord, le , sa famille se fait refuser le droit d'inhumer sa sépulture dans la partie catholique du cimetière de la Côte-des-Neiges pour avoir défié l'église dans les idéaux qu'il a défendu à l'Institut canadien de Montréal[6]. Henrietta Brown, veuve de Guibord, n'accepte pas cette exclusion et porte l'affaire devant les tribunaux. Cette lutte juridique deviendra ce qu'on nomme aujourd'hui l'affaire Guibord. Joseph Doutre, l'avocat de Mme Brown, gagne sa cause le devant le juge Charles-Elzéar Mondelet de la Cour supérieure. Cette décision sera réfutée par la Cour de révision et la Cour d'appel pour finalement être restaurée par le Comité judiciaire du Conseil privé de Londres, le [7]. Le les restes de la dépouille de Guibord, qui depuis le décès se trouvaient au cimetière protestant Mont-Royal, sont inhumés au cimetière catholique Notre-Dame-des-Neiges. Cette affaire a fait de Guibord un des symboles de la laïcité au Québec[8].

Plusieurs ouvrages ont traité de ce conflit important entre Guibord et le clergé dont L'Institut canadien et l'affaire Guibord de Théophile Hudon en 1938, Le Procès Guibord ou l'interprétation des restes de Robert Hébert en 1992 et Joseph Guibord, victime expiatoire de l’évêque Bourget d'Adrien Thério publié en 2000[9].

Honneurs

À Montréal, deux endroits rappellent la mémoire de Joseph Guibord : la rue Gilford et l'avenue Joseph-Guibord. L'avenue Joseph-Guibord a été nommée en son honneur le [10].

Une erreur toponymique

« Le nom Gilford est une déformation du patronyme Guibord. Ce dernier nom fut mal transcrit sur les plans de Montréal préparés par Henry W. Hopkins en 1879; cette erreur fut reproduite par la suite sur d'autres plans[11]. »

Notes et références

  1. « Joseph Guibord . - 1875 - Archives de Montréal », sur archivesdemontreal.ica-atom.org (consulté le )
  2. Fleming, Patricia., Gallichan, Gilles., Gerson, Carole. et Lamonde, Yvan, 1944-, Histoire du livre et de l'imprimé au Canada. Volume II, De 1840 à 1918, Presses de l'Université de Montréal, (ISBN 2760619737, OCLC 226374687, lire en ligne)
  3. Zone radio - Radio-Canada.ca et Zone radio - Radio-Canada.ca, « L'incroyable histoire de Joseph Guibord | Le 15-18 | ICI Radio-Canada Premi�re », sur L'incroyable histoire de Joseph Guibord | Le 15-18 | ICI Radio-Canada Premi�re (consulté le )
  4. Jean-Roch Rioux, « GUIBORD, JOSEPH », Dictionnaire biographique du Canada, (lire en ligne, consulté le )
  5. Louis-Georges Harvey et Mark V. Olsen, « La circulation de la bibliothèque de l'Institut canadien de Montréal, 1865-1875 », Histoire sociale, vol. 19, no 37, , p. 139-160 (lire en ligne)
  6. « Guibord, affaire | l'Encyclopédie Canadienne », sur www.thecanadianencyclopedia.ca (consulté le )
  7. (en) « Dame Henriette Brown v. Les Curés et Marguillers de l'Oeuvre et Fabrique de Notre-Dame de Montréal, [1874] UKPC 70 », sur British and Irish Legal Information Institute
  8. Philippe Sylvain, « Un adversaire irréductible du clergé canadien-français au dix-neuvième siècle: Joseph Doutre », Les Cahiers des dix, no 41, (ISSN 0575-089X et 1920-437X, DOI 10.7202/1016225ar, lire en ligne, consulté le )
  9. Pierre Hébert, « Adrien Thério, Joseph Guibord, victime expiatoire de l’évêque Bourget. L’Institut canadien et l’affaire Guibord revisités, Montréal, XYZ, 2000, 270 p. », Études d'histoire religieuse, vol. 68, , p. 111–112 (ISSN 1193-199X et 1920-6267, DOI https://doi.org/10.7202/1006747ar, lire en ligne, consulté le )
  10. « Avenue Joseph-Guibord », sur www.toponymie.gouv.qc.ca (consulté le )
  11. toponymie.gouv.qc.ca

THERIO, Adrien, Joseph Guibord, victime expiatoire de l'évêque Bourget, Montréal, XYZ éditeur, 2000.

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