Acting out
L’acting out ou acting-out est un terme de psychologie lié aux mécanismes de défense et d'autocontrôle. Ce terme signifie qu'on cède à une action au lieu d'y résister ou de maîtriser ses pulsions. L'action va habituellement au-delà des règles sociales et peut prendre des formes diverses : s'abandonner à une dépendance (alcool, drogue, vol, ...) ou, inconsciemment ou partiellement consciemment, attirer l'attention par des provocations ou des comportements anormaux. De manière générale, l'action est auto-destructive ou dérangeante envers autrui, et empêche le développement de réponses plus appropriées aux sentiments ressentis.
Le terme a été traduit en français par passage à l'acte. Cependant, Jacques Lacan utilise cette dernière locution pour une notion différente.
Origine de la terminologie
Le « agieren » de Freud[1] a été traduit dans un premier temps par « passage à l'acte ». Mais Jacques Lacan a trouvé cette traduction réductrice et incorrecte, et a préféré utiliser dans ses textes la traduction anglaise, « acting-out », et distinguer ce concept du « passage à l'acte ». L'acting-out ne se traduit pas forcément par des actions motrices. Il peut s'agir de provocations dans le comportement, de comportement « collant », de silences ou au contraire de verbalisation excessive. C'est une conduite toujours vers l'Autre, avec qui le patient est en conflit, et généralement plus organisée que le passage à l'acte, qui est impulsif. Certains auteurs, tels que Jean-Bertrand Pontalis ou Jean Laplanche ne procèdent pas à cette distinction, et ne voient pas de différence significative entre « acting-out » et passage à l'acte[2].
Prise en compte des sentiments d'acting out
Les sentiments d'acting out peuvent être transformés en réactions plus constructives, comme une réelle conversation, par une thérapie facilitant l'expression ou la prise de conscience de ses sentiments. Le développement de la capacité à exprimer ses conflits de manière rassurante et constructive est un aspect important du contrôle de ses impulsions, de développement personnel et de protection de soi.
Analyse
Sigmund Freud considérait que les patients en analyse tendaient à préférer l'acting out de leurs conflits à leur souvenir = répétition compulsion[3]. La tâche de l'analyste est d'aider le patient, momentanément incapable de se rappeler ses souvenirs oubliés ou réprimés, donc en situation d'acting out[4], de remplacer l'activité présente par la mémoire du passé.
Otto Fenichel a ajouté que l'acting out donne des indices précieux au thérapeute, mais représente une résistance psychologique dans la mesure où la réaction se fait uniquement au présent, au détriment de la dissimulation de l'influence sous-jacente du passé[5]. Jacques Lacan parle de l'action corrective de l'acting out[6], bien que d'autres soulignent l'importance de limiter sa portée en termes d'autodestruction/d'agression des autres[7].
Éducation
Durant les premières années, les accès de colère peuvent être considérés comme des épisodes d'acting out. Étant donné que les jeunes enfants n'ont pas encore développé les moyens de communiquer leurs sentiments et leur désarroi, les colères sont un moyen efficace et pratique d'alerter les parents à leurs besoins et d'attirer l'attention. Idéalement, lorsque les enfants se développent, ils apprennent à remplacer ces stratégies de sensibilisation par des moyens de communication mieux acceptés socialement et plus constructifs[8]. Lors de l'adolescence, l'acting out sous la forme de comportements rebelles tels que fumer, le vol à l'étalage ou la prise de drogues peut être interprété comme un « appel au secours ». Ce comportement prédélinquant peut être une recherche de contrôle de la part de parents ou d'autres figures parentales[9]. L'adolescent paraît dérangeant – et l'est sans doute – mais ce comportement est renforcé par une incapacité de réguler ses émotions d'une autre manière.
Dépendance
En situation de dépendance comportementale ou chimique, l'acting out peut donner l'illusion à la personne dépendante d'avoir le contrôle de la situation[10].
Criminologie
Les criminologistes débattent si la délinquance juvénile est une forme d'acting out ou représente plutôt des conflits plus importants dans le processus de socialisation[11].
Notes
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Acting out » (voir la liste des auteurs).
Références
- Acting-out, dans l'Encyclopedia Universalis
- Beaurepaire, Bénézech et Kottler 2004, p. 111-112.
- (en) Sigmund Freud, On Metapsychology (PFL 7) p. 288-9.
- Cité dans : (en) Adam Phillips, On Flirtation (1994) p. 36-7.
- (en) Otto Fenichel, The Psychoanalytic Theory of Neurosis (1946) p. 570-1.
- Jacques Lacan, Écrits (1997) p. 239.
- (en) Lawrence Spurling, An Introduction to Psychodynamic Counselling (2004) p. 138 and p. 11.5
- (en) H. Fraiberg, The Magic Years (1987) p. 153
- (en) Patrick Casement, Further Learning from the Patient (1990) p. 115
- (en) Craig Nakken, The Addictive Personality (1996) p. 7
- (en) Michael J. Lynch, Critical Criminology p. 20
Voir aussi
Bibliographie complémentaire
- (en) Franz Alexander, 'The Neurotic Character' International Journal of Psychoanalysis XI 1930*
- Alfredo Zenoni, Le corps de l'être parlant : de l'évolutionnisme à la psychanalyse, De Boeck Supérieur, , 182 p. (lire en ligne), p. 148-149.
- Christiane de Beaurepaire, Michel Bénézech et Christian Kottler, Les dangerosités : de la criminologie à la psychopathologie, entre justice et psychiatrie, John Libbey Eurotext, , 424 p. (lire en ligne), p. 111-112.
Sources web
- (en) Acting Up is Not "Acting-Out", Dr George Simon sur le site CounsellingResource.com.
- (en) "Projective Identification, Countertransference, and the Struggle for Understanding Over Acting Out", Robert T. Waska, M.S., MFCC, Journal of Psychotherapy Practice and Research 8:155-161, April 1999.
- (en)Sophie de Mijolla-Mellor, 'Acting-out/Acting-in'.
- « Acting-out », sur Encyclopædia Universalis.
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