Académie Olympia

L' Académie Olympia était un groupe d'amis, à Berne en Suisse, qui se réunissaient pour discuter de questions de physique et de philosophie. Cette académie privée a été fondée, en 1902, par Albert Einstein, Maurice Solovine et Conrad Habicht[1]. Mileva Einstein participait aux réunions de l'Académie Olympia[2].

Académie Olympia : Conrad Habicht (à gauche), Maurice Solovine (au centre) et Albert Einstein (à droite).

Historique

Au printemps 1902, Maurice Solovine lut dans un journal de Berne, l'Anzeiger der Stadt Bern[3] (Annonces de la ville de Berne ou Annonceur de la ville de Berne) une annonce qu'avait fait paraître Albert Einstein qui proposait des leçons de physique pour 3 F de l'heure[4].

«Private lessons in mathematics and physics for students and pupils gives thoroughly Albert Einstein, owner of the Swiss polyt. subject teacher diploma, Gerechtigkeitsgasse 32, 1. floor.

Trial lessons for free.[3]

« À L'IMMORTELLE ACADÉMIE OLYMPIA:

Au cours de ton existence brève et active, tu as pris une joie d'enfant à tout ce qui était clair et intelligent. Tes membres t'ont créée pour se divertir aux dépens de tes vieilles sœurs éminentes et gonflées d'orgueil. Combien ils ont frappé juste, c'est ce que j'ai pleinement appris à apprécier au prix de laborieuses observations au cours des ans. Tes trois membres ont eu à tout le moins le mérite de durer. Même s'ils sont maintenant un peu croûlants, quelque chose de ta lumière éclatante et vivifiante brille encore sur le sentier de leur existence solitaire, car tu n'as pas vieilli, tu n'as pas monté en graine comme une laitue. Je t'offre ma loyauté et mon dévouement jusqu'à mon dernier souffle savant. Celui qui n'est plus que membre correspondant. »[5]

Lettre d'Einstein du 3 avril 1953 en réponse à une carte postale de Solovine et Habitch envoyée de Paris le 12 mars 1953[6].

Solovine se rendit donc à l'adresse indiquée et expliqua à Einstein qu'il était déçu des notions philosophiques et qu'il désirait développer ses connaissances sur le terrain plus solide de la physique. Une discussion animée s'ensuivit qui dura plus de deux heures. Elle reprit le lendemain. Le troisième jour, Einstein déclara à Solovine qu'il préférait poursuivre ces discussions qui lui paraissaient bien plus intéressantes plutôt que de lui donner des cours. Leurs rencontres se firent ainsi sur une base régulière et très vite Conrad Habicht vint les rejoindre[4].

Ils nommèrent ainsi leur petit groupe de discussion "Académie Olympia". Les trois amis discutaient de philosophie, de physique et parfois de littérature ou d'autres sujets. Les trois hommes se réunissaient habituellement chez Einstein en soirée et, souvent, les discussions animées se terminaient tard dans le nuit. La lecture d'ouvrages scientifiques et philosophiques accompagnait leurs discussions. Certains de ces ouvrages auront par la suite une influence déterminante sur les idées d'Einstein[4].

Les trois hommes durent mettre fin à leurs rencontres lorsque Habicht dut quitter Berne en 1904 ayant obtenu un poste de professeur dans une école de Schaffhouse et que Solovine dut quitter Berne à son tour l'année suivante[4]. L'Académie Olympia ne dura que durant cette brève période au cours de laquelle Einstein vécut la mort de son père en et son mariage avec Mileva Marić en 1903 auquel assistèrent Habicht et Solovine à titre de témoins[4].

Références

  1. Jean Eisenstaedt, Einstein et la relativité générale, CNRS éditions, Paris, 2007, p. 37.
  2. Cf. Estelle Asmodelle, « The collaboration of Mileva Maric and Albert Einstein », Asian Journal of Physics, Vol. 24, no 4, University of Central Lancashire, 2015, p. 15-16.
  3. (en) Hans-Josef Kuepper, « The Bernese "Akademie Olympia" », sur www.einstein-website.de (consulté le ).
  4. Banesh Hoffmann, en collab. avec Helen Dukas et trad. de l'américain par Maurice Manly, Albert Einstein : créateur et rebelle, Paris, Editions du Seuil, (ISBN 202002120X, OCLC 19617603), p. 45-47.
  5. Einstein Lettres à Maurice Solovine, p. 125 cité dans Lewis Samuel Feuer (en), Einstein et le conflit des générations, 1978, Éditions Complexe, p. 86.
  6. Banesh Hoffmann, en collab. avec Helen Dukas et trad. de l'américain par Maurice Manly, Albert Einstein : créateur et rebelle, Paris, Editions du Seuil, (ISBN 202002120X, OCLC 19617603), p. 262.

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