Abel Muzorewa

Abel Tendekayi Muzorewa, né le en Rhodésie du Sud et mort le à Harare au Zimbabwe, est un évêque méthodiste et homme politique, Premier ministre de Zimbabwe-Rhodésie du 1er juin au .

Abel Muzorewa
Fonctions
Premier ministre rhodésien

(6 mois et 11 jours)
Président Josiah Zion Gumede
Prédécesseur Ian Smith
Successeur Robert Mugabe
Biographie
Nom de naissance Abel Tendekayi Muzorewa
Date de naissance
Lieu de naissance Umtali, Rhodésie du Sud
Date de décès
Lieu de décès Harare, Zimbabwe
Nationalité  Zimbabwéen
Parti politique United African National Council
Religion méthodiste

Premiers ministres rhodésiens

Origines

Fils aîné d'une famille de huit enfants, Abel Muzorewa est né dans la colonie britannique de Rhodésie du Sud le .

Après une scolarité à l'école méthodiste de Umtali, il est instituteur à Murewa de 1943 à 1947 avant de commencer à prêcher, de suivre des études théologiques et d'être ordonné en août 1953. De 1955 à 1958, le révérend Muzorewa est pasteur à Chiduku près de la ville de Rusape.

Il poursuit des études en religion chrétienne aux États-Unis où il obtient un master en philosophie et religion. En juillet 1963, il devient le pasteur de Umtali puis un an plus tard est nommé directeur national du mouvement de la jeunesse chrétienne.

Évêque et militant politique

En 1966, il devient secrétaire du mouvement chrétien étudiant et en 1968 et consacré en tant qu'évêque de l'église méthodiste unie de Rhodésie.

Le , il forme avec le révérend Canaan Banana le Conseil national africain uni (UANC), un mouvement opposé à la lutte armée contre le gouvernement rhodésien. Cette même année, ils s'opposent avec succès au règlement négocié anglo-rhodésien qui prévoyait la diminution progressive de la ségrégation raciale jusqu’à son abolition, l’extension rapide du droit de vote aux Africains et leur participation progressive aux affaires politiques du pays. Avec un tel système, il aurait fallu attendre encore 50 ans pour que les Noirs deviennent prédominants au parlement. Muzorewa devient alors un leader national, un interlocuteur et une personnalité internationale reconnue.

Les mouvements de guérilla alors interdits en Rhodésie comme l'Union nationale africaine du Zimbabwe (ZANU) du révérend Ndabaningi Sithole, l'Union du peuple africain du Zimbabwe (ZAPU) de Joshua Nkomo et le Front pour la libération du Zimbabwe (FROLIZI) de James Chikerema rejoignent alors l'UANC de Muzorewa. Le , en tant que président de l'UANC, Muzorewa participe, avec le Premier ministre rhodésien Ian Smith, à la conférence de Victoria Falls, réunie dans un wagon sud-africain.

En 1975, des dissensions internes entre les mouvements de libération nationale minent l'UANC sur la question de la lutte armée contre le gouvernement rhodésien. La ZANU se scinde en deux, Ndabanigi Sitholé fonda l'aile modérée du mouvement, l'Union nationale africaine du Zimbabwe - Ndonga et reste membre de l'UANC. alors que l'aile radicale de la ZANU dirigée par Robert Mugabe rejette les négociations avec le gouvernement blanc et reprend la lutte armée, tout comme la ZAPU de Nkomo. L'UANC demeure le seul mouvement nationaliste à rejeter la violence.

Les accords de Salisbury

La signature des accords de Salisbury en  : Muzorewa au côté de Ian Smith, du Chef Jeremiah Chirau et du révérend Sitholé

Le , Abel Muzorewa, Ndabaningi Sithole et plusieurs leaders internes de Rhodésie parviennent à un accord avec Ian Smith. Ces accords de Salisbury prévoyaient la formation d'un gouvernement de transition dirigé par un conseil exécutif comprenant Muzorewa, Sithole, le chef Jeremiah Chirau et Ian Smith. Des élections sont programmées, sur la base « un homme une voix », tandis qu'une nouvelle constitution devait être rédigée.

Le gouvernement transitoire est rapidement mis en place le . Un référendum, auquel participent les seuls Blancs, est organisé en janvier 1979 pour l'adoption d'une nouvelle constitution pour le nouvel État de Zimbabwe-Rhodésie, entérinée par une majorité de 85 % des voix. En arrière-plan ont lieu plusieurs attentats terroristes, dont, à six mois d'intervalle, deux avions civils d'Air Rhodesia abattus par la guérilla. La nouvelle constitution accorde à la minorité blanche une franchise de 10 sièges au Sénat et de 28 sièges à la chambre, laquelle compte 100 sièges, ainsi qu'un quart des postes du cabinet ministériel pour une durée déterminée.

Premier ministre de Zimbabwe-Rhodésie

Les élections d', boycottées par la ZANU de Mugabe et la ZAPU de Nkomo, donnent la victoire à l'évêque Muzorewa et à l'UANC. Muzorewa devient le nouveau Premier ministre à compter du , tandis que Josiah Zion Gumede obtient le poste honorifique de président de la République. Mais ni l'accord de Salisbury, ni les élections d' ni le nouveau gouvernement de Muzorewa ne font l'objet d'une reconnaissance internationale et sont même condamnés par l'ONU. Au contraire des espoirs des signataires de l'accord de Salisbury, la lutte armée menée par les mouvements de guérilla s'amplifie.

Le , Muzorewa effectue une visite à Washington pour tenter sans succès de plaider sa cause auprès du gouvernement démocrate de Jimmy Carter. Les gouvernements sud-africain et britannique finissent par convaincre Muzorewa de participer à de nouvelles négociations à Londres avec les partis de Mugabe et de Nkomo.

Lors des négociations de Lancaster House menées à Londres à partir d', Muzorewa accepte de remettre la souveraineté du Zimbabwe-Rhodésie aux Britanniques. Le , Lord Christopher Soames est nommé gouverneur de la colonie de Rhodésie, mettant fin au mandat de Muzorewa et du président Josiah Zion Gumede. Les accords de Lancaster House sont signés le . De nouvelles élections auxquelles participent la ZANU de Mugabe et la ZAPU de Nkomo sont organisées en février 1980. Après une courte campagne, marqué par un climat de violence et d'intimidation, la ZANU de Mugabe remporte la majorité absolue des 80 sièges de députés à la nouvelle assemblée alors que l'UANC est laminé et ne sauve que 3 sièges.

La spirale des échecs politiques

Peu après l'indépendance officielle du Zimbabwe en avril 1980, Muzorewa est accusé de participer à un complot contre le nouvel État et est arrêté. Lors des élections générales de 1985, il tente de se faire élire dans la circonscription de Glen View mais est battu. En mars 1996, Muzorewa tente de défier Mugabe à l'élection présidentielle et présente contre lui sa candidature. Sous la pression, il la retire finalement 15 heures avant le début du vote. Son nom figurant néanmoins sur les bulletins de vote, il recueille encore 4,8 % des suffrages contre 92,7 % à Robert Mugabe.

En 2001, il se retire de la politique active[1]. De santé fragile, il meurt le quelques heures après avoir pris connaissance du décès de l'un de ses frères[2].

Notes et références

  1. « Zimbabwe: décès de l’ex-Premier ministre Abel Muzorewa », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )
  2. (en-US) Alan Cowell, « Abel Muzorewa, Zimbabwe Cleric, Dies at 85 », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )

Source

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