Abbaye du Coudenberg

L'abbaye Saint-Jacques-sur-Coudenberg, plus communément appelée abbaye du Coudenberg, était une abbaye tenue par les chanoines réguliers de saint Augustin, sur la colline du Coudenberg, à Bruxelles, entre 1731 et 1795, mais dont l'origine remonte au XIIe siècle. À cet endroit, en effet, en 1162, une chapelle est cédée à l'Ordre du Temple, laquelle a servi d'oratoire au château des comtes de Louvain et de Bruxelles, puis elle est devenue un prieuré au XIVe siècle.

Pour les articles homonymes, voir Abbaye Saint-Jacques et Coudenberg (homonymie).

Ancienne abbaye Saint-Jacques-sur-Coudenberg

Le portique d'entrée
Présentation
Nom local Abdij Sint-Jacob op de Koudenberg
Culte catholicisme
Type Chapelle en 1162
Prieuré (prévôté) en 1313
Abbaye en 1731
Rattachement Ordre du Temple en 1162, Chanoines réguliers de saint Augustin en 1313
Début de la construction XIIe siècle
Date de désacralisation 1795
Géographie
Pays Belgique
Région Région de Bruxelles-Capitale
Ville Bruxelles
Coordonnées 50° 50′ 29″ nord, 4° 21′ 36″ est
Géolocalisation sur la carte : Belgique
Géolocalisation sur la carte : Bruxelles

Pendant le XVe siècle, plusieurs évènements religieux liés à la cour de la Maison de Bourgogne prennent place dans l'église abbatiale. Puis, À partir du XVIe siècle, ces événements se déroulent dans une chapelle palatine construite, par Charles Quint, dans le prolongement du palais. Pendant la révolte des gueux, les bâtiments sont dévastés par les iconoclastes calvinistes. En 1618, l'église du monastère devient paroissiale. En 1731, le monastère est élevé au rang d'abbaye.

Lors de l'aménagement de la place Royale, entre 1776 et 1781, l'abbaye reconstruit l'église Saint-Jacques-sur-Coudenberg, bâtit les deux hôtels particuliers attenants, bâtiments qui hébergent actuellement la Cour constitutionnelle et l'espace culturel ING.

Après l'annexion, en 1795, des Pays-Bas autrichiens par la Première République française, l'abbaye est définitivement dissoute, ses possessions sont vendues comme bien national. Puis l'établissement héberge, tour à tour, un temple de la Raison, l'état-major de l'École militaire fraichement créée par le roi Léopold Ier. L'église devient en 1986 la cathédrale du diocèse auprès des Forces armées belges.

Toponymie

« Coudenberg », ou en néerlandais moderne Koudenberg, signifie « colline froide ». C'est la plus haute des collines du Bruxelles médiéval. Le lieu fut aussi connu sous les appellations de  Frigidus mons », à l'ablatif « Frigido Monte »[1] ou de « Froidmont »[2] (traduction française de Koudenberg). Jusqu'au XIXe siècle, on écrivait aussi Caudenberg[2].

Historique

Diverses fondations

Au début du XIIe siècle une chapelle et un hospice tous deux dédiés à saint Jacques le Majeur, car lieu d'étape sur les chemins de Compostelle venant du nord et du nord-est, jouxtent le château des comtes de Louvain et de Bruxelles construit sur la colline du Coudenberg. En 1162, la chapelle, qui sert d'oratoire au château, ainsi que l'hospice relevant tous les deux du chapitre de la collégiale Saint-Michel, sont cédés, par Godefroid III de Louvain, à l'ordre du Temple[3].

Selon Émile Poumon[4], ce n'est qu'après 1183 qu'un chapitre séculier s'est fondé près du château, les chanoines composant ce chapitre choisissant la règle de saint Augustin vers 1230. Selon Joseph Lemmens, ce n'est qu'avec la disparition de l'ordre du Temple en 1313 que les prêtres adoptent la règle des chanoines réguliers de saint Augustin et fondent la prévôté ecclésiastique du Coudenberg toujours dépendante du chapitre de la collégiale Saint-Michel.

On relève en outre que :

  • les chanoines adoptent, pour leur communauté, le partage des revenus et non le vœu de pauvreté[5] ;
  • le prévôt de la communauté n'a pu bénir les objets religieux et porter les ornements pontificaux qu'à partir de 1461[4].

Lors de la construction de la première enceinte de Bruxelles au XIIIe siècle, la prévôté et ses jardins, qui s'étendent jusqu'à l'actuelle rue Brederode, se retrouvent intra muros[6].

Périodes bourguignonne à autrichienne

Moine de l'abbaye de St. Jacque-de-Caudenberg.

Pendant le XVe siècle, les évènements religieux liés à la cour de la Maison de Bourgogne prennent place dans l'église abbatiale, tels le baptême de Marie de Bourgogne en 1457, les obsèques d'Isabelle de Bourbon en 1465, les funérailles et l'inhumation, en 1481, de François de Habsbourg fils de Maximilien de Habsbourg et de Marie de Bourgogne décédé à l'âge de quatre mois. À partir du XVIe siècle et la construction, par Charles Quint, d'une chapelle dans le prolongement de l'Aula Magna du palais, les évènements religieux vont se dérouler dans cette chapelle palatine.

Pendant la révolte des gueux, les bâtiments sont dévastés par les iconoclastes calvinistes en 1579.

En 1618, l'église du monastère devient paroissiale. En 1731, la prévôté devient le bâtiment principal d'un ensemble monastique, élevé au rang d'abbaye. Adrien Touron[note 1]devient père-abbé mais l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche lui reproche d'avoir marié clandestinement (à l'insu de ses parents) un prince avec sa lingère. Il en meurt de chagrin en 1743[7].

L'église abbatiale, qui est gravement endommagée par un incendie en 1743, soit douze ans après celui du Palais du Coudenberg, ne sera jamais restaurée car, bien que l'abbaye de la Cambre ait, pour ce faire, prêté 150 000 florins, le père-abbé du Coudenberg ne peut rembourser cette dette et se voit obligé de céder trente-cinq bonniers de terrain à la Cambre[8].

Il est rapporté, qu'en 1774, l'abbé maltraite ses religieux mais consent des dépenses énormes pour la construction de bâtiments[9]. C'est ainsi que lors de l'aménagement de la place Royale, entre 1776 et 1781, l'abbaye fait démolir l'église incendiée, dont l'axe de la nef était perpendiculaire à l'actuelle rue de Namur et avec le parvis donnant sur celle-ci[note 2], et la fait reconstruire perpendiculairement à la nouvelle place. C'est l'église Saint-Jacques-sur-Coudenberg telle que nous la connaissons aujourd'hui. Elle fait également bâtir les deux hôtels particuliers attenants à l'église[9] — les Hôtels de Coudenberg — qu'elle revend en 1784 à cause de la difficulté financière créée par tous ces financements[10]. Ces bâtiments sont, actuellement, ceux, aux nos 7-8, de la Cour constitutionnelle[11] et, aux nos 5-6, de l'espace culturel ING.

Périodes française puis belge

Après l'annexion, le , des Pays-Bas autrichiens par la Première République française, l'abbaye est définitivement dissoute[12]. Ses possessions sont vendues comme bien national et l'église devient, pendant un certain temps, un temple de la Raison[13] avant d'être rendue, par la signature du concordat de 1801, au culte catholique en 1802.

Entre 1834 et 1870, les bâtiments de l'ancienne abbaye sont occupés par l'état-major de l'École militaire fraichement créée par le roi Léopold Ier.

Quant à l'église, si officieusement elle est considérée comme « paroisse royale », elle devient en 1986 la cathédrale du diocèse auprès des Forces armées belges.

Les abbés du Coudenberg

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  • Theodorus de Lombeek (+1397)
  • Egidius de Lombeek
  • Gerardus van der Straeten
  • Henricus Spekaert
  • Egidius Strael
  • Joannes Evrard
  • Zibert de Honsem
  • Hermanus vander Tommen
  • Egidius de Diest
  • Nicolaus Marie
  • Joannes de Coudenberg
  • Judocus Custodis
  • Joannes Rampelberch
  • Joannes Bonecroy
  • Henricus Meulemans
  • Dionisius de Carnin
  • Egidius van Linthout
  • Carolus vander Baeren
  • Franciscus Palpart (+1688)
  • Andreas van Ophem (+1706)
  • Thomas Bernaerts (+1720)
  • Jacques t'Serstevens (+1732)
  • Adrien de Touron (+1743) [14] : juge synodal de l'archidiocèse de Malines, il est nommé chapelin héréditaire (sic) des ducs de Brabant et de Bourgogne car il a accepté pour son abbaye de s'occuper de la chapelle Saint-Hubert de la Vénerie à Watermael-Boitsfort, ayant d'ailleurs confié cette tâche à son neveu Michel Meeûs, prêtre de la communauté[15]. Il rencontre là le jeune prince Maximilien de Rubempré, comte de Merode-Montfort, marquis de Trélon, et grand veneur du Brabant qu'il marie clandestinement en son abbaye avec l'autorisation écrite du cardinal d'Alsace[16]. Ce fut le grand scandale bruxellois de 1743 avec le long internement du prince à la forteresse d'Anvers et le décès de l'abbé (mort de chagrin).
  • Nicolas Cloquet (+1769)
  • Gilles Warnots est admis comme membre des États de Brabant en 1775[4]. Le , les religieux décident de construire l'église de la place Royale en reconnaissance de cette admission[4], mais en fait, c'est Charles de Lorraine qui invita l'abbé à participer à l'édification de l'église, ce qui ruina le monastère[4].
  • Grégoire Joseph Van den Heyden est cité parmi les autorités ecclésiastiques présentes lors d'une procession en souvenir du Saint-Sacrement de miracle en 1781.

Aspects architecturaux et culturels

L'abbaye contenait autrefois des tableaux de Pierre Paul Rubens. On peut noter par contre qu'il subsiste[4],[17] :

  • l'église édifiée par l'architecte Guimard de 1776 à 1785, et desservant la paroisse royale en 1973 ;
  • au 10, rue de Namur, un bâtiment de style Louis XVI qui servit successivement de lycée, de collège, d'athénée puis d'école militaire jusqu'en 1874. Dans ce bâtiment, Léopold II réunissait souvent les pionniers du Congo.

Galerie d'illustrations

Notes et références

Notes

  1. Une estampe aux armes d'Adrien Touron, montrant un écu contenant un ouroboros (serpent se mangeant la queue) surmonté d'une mitre et de deux crosses posées "en sautoir", symbole d'une "double dignité", est présente dans le livre de Cafmeyer racontant l'histoire des hosties profannées de 1370. Le tableau représente un texte de la Genèse (18, 1-10a) : Abraham donne l'hospitalité au Seigneur et à deux autres hommes aux chênes de Mambré. Le Seigneur lui promet un fils dans l'année. Sous le tableau, on peut lire : reverendissimus ac amplissimus dominus Adrianus Touron abbas sancti Jacobi in Coudenbergh Bruxellis, ducum Brabantiae & burgundiae sacellarius hereditarius : per archidiaecefim Mecchlinienfem judex synodalis.
  2. Le parvis se trouvait à l'endroit de l'actuel no 10 de la rue de Namur et faisait face à la rue des Aveugles (devenue plus tard rue de l'Arsenal) aujourd'hui disparue dans les bouleversements urbanistiques de la bruxellisation.

Références

  1. Coudenberg, dans : Dictionnaire d'Histoire de Bruxelles, Collection Dictionnaires, Éditions Prosopon Bruxelles, 2013, pp. 529.
  2. Auguste JOURDAIN, Dictionnaire encyclopédique de Géographie Historique du royaume de Belgique, etc, (lire en ligne), p. 155
  3. Joseph Lemmens 2000, p. 101.
  4. Émile Poumon 1954, p. 54.
  5. Joseph Lemmens 2000, p. 164.
  6. « Vue de la façade du chalet norvégien », Rue Brederode no 10, sur reflexcity.net (consulté le ) : « À droite, un mur, vestige de la première enceinte »
  7. Comte Henri de Calenberg, Journal pour l'année 1743, Société des Bibliophiles de Belgique, Bruxelles, tome 1, 1913.
  8. Joseph Lemmens 2000, p. 281.
  9. Joseph Lemmens 2000, p. 289.
  10. Joseph Lemmens 2000, p. 289.
  11. « Le siège de la Cour constitutionnelle », sur const-court.be, (consulté le )
  12. Joseph Lemmens 2000, p. 380.
  13. Joseph Lemmens 2000, p. 362.
  14. Félix De Grave-Hellin, Histoire du Très-Saint-Sacrement de miracle..., Victor Devaux & Cie, Bruxelles, 1871, p. 215 et 226.
  15. Sander Pierron, Histoire de la forêt de Soignes.
  16. Journal du comte de Calenberg, année 1743. Voir aussi Thomas-Philippe d'Alsace de Hénin-Liétard, surnommé le cardinal d'Alsace.
  17. Joseph Delmelle 1973, p. 53.

Annexes

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Joseph Lemmens, La mémoire des monastères : une histoire de la Belgique du VIIe au XVIIIe siècle, Bruxelles, Éditions Le Cri, coll. « Histoire », (1re éd. 1999), 416 p., 24 cm (ISBN 978-2-8710-6233-2, OCLC 406616036, présentation en ligne) (KBR code A 2000 4.509)
  • Joseph Delmelle, Abbayes et béguinages de Belgique, Bruxelles, Rossel Édition,
  • Émile Poumon, Abbayes de Belgique, Bruxelles, Office de Publicité, S. A.,
  • Jean-Pierre Félix, Orgues, cloches et carillon de l'abbaye puis paroisse St. Jacques sur Coudenberg à Bruxelles, Bruxelles, Jean-Pierre Félix, , 363 p. (OCLC 499297491)
  • Denise van Derveeghde, Inventaire analytique des archives ecclésiastiques du Brabant, t. II : Inventaire des archives de Saint-Jacques sur Coudenberg, Bruxelles, Archives Générales du Royaume, coll. « Archives de l’État Région de Bruxelles-Capitale / Abbayes et chapitres » (no 1), , 456 p. (OCLC 311783740), 1 : Inventaire analytique des chartes (1190 - 1756) (KBR code B 2003 1.022)
  • Placide Lefèvre, « L'Obituaire de la Prévôté de Saint-Jacques-sur-Coudenberg à Bruxelles », Cahiers bruxellois / Brusselse cahiers : Revue d'histoire urbaine, archives de la ville de Bruxelles / Tijdschrift voor stadsgeschiedenis, archief van de stad Brussel, Bruxelles, Mina Martens, no 1, , p. 97 à 160 (ISSN 0007-9626 et 1784-5157) (OCLC 174733619) (KBR code B 13.143)
  • Guillaume Des Marez, Archiviste de la Ville de Bruxelles, Le quartier Isabelle et Terraken, Librairie d'art et d'histoire G. Van Oest, Paris et Bruxelles, 1927.
  • Eugène Bacha et Hector De Backer, Le journal du comte Henri de Calenberg pour l'année 1743, tome 1, Société des Bibliophiles et Iconophiles de Belgique (3 volumes), Bruxelles, 1913.

Articles connexes

Lien externe

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