Abbaye Notre-Dame de Koningshoeven

L'abbaye de Koningshoeven est un monastère des trappistes à Berkel-Enschot aux Pays-Bas. Sur le site, l'on produit une bière trappiste nommée La Trappe.

Abbaye Notre-Dame de Koningshoeven
Présentation
Culte Catholique
Type Abbaye
Rattachement Ordre cistercien de la stricte observance
Début de la construction 1891
Style dominant Néo-gothique
Site web http://www.koningshoeven.nl
Géographie
Pays Pays-Bas
Région Brabant-Septentrional
Ville Berkel-Enschot
Coordonnées 51° 32′ 39″ nord, 5° 07′ 52″ est
Géolocalisation sur la carte : Pays-Bas

Histoire

Les débuts

En 1880, la situation des congrégations catholiques dans la France de la IIIe République commence à être hautement défavorable avec de nouvelles lois anticongrégationnistes. Les moines de l'abbaye Sainte-Marie-au-Mont dans le département du Nord, craignant de devoir être contraints à l'exil par ces lois, anticipent la situation. Le père abbé Dominique Lacaes envoie le père Sébastien Wyart[1] (ancien officier des zouaves pontificaux) aux Pays-Bas, où ce dernier avait des contacts, afin d'y trouver un nouveau lieu d'accueil. Grâce à un de ses anciens lieutenants, Antoine Arts, et au R.P. De Beer, supérieur de la congrégation des frères de Tilbourg, il fait la connaissance d'un entrepreneur du nom de Caspar Houben, propriétaire d'un domaine agricole appelé De Schaapskooi (« la Bergerie »), comprenant trois exploitations construites en 1834 par le prince héritier Guillaume à Berkel-Enschot, situé à l'est de Tilbourg. Houben est prêt à louer ses propriétés, équipées, afin d'y accueillir la communauté de moines français. Dom Lacaes n'avait pas l'intention à l'origine de fonder un nouveau monastère, mais juste de trouver un lieu d'accueil temporaire, pensant que la situation ne serait pas immuable ; mais c'est à l'insistance du père Wyart, nommé entre-temps prieur, qu'il donne son accord le [2].

Au début les conditions sont difficiles à De Schaapskooi, et sans l'aide constante des frères de Tilbourg, la nouvelle commmunauté aurait certainement échoué. Le nouveau supérieur, Dom Nivardus Schweykart, agrandit la ferme, mais cela n'est pas d'une grande aide ; aussi décide-t-il, fort de son expérience de fils d'un brasseur munichois, d'installer une brasserie en 1884. Cela améliore grandement la situation financière et permet d'accueillir de nouvelles vocations[2].

C'est en 1890 que la communauté a un nouveau supérieur, Dom Willibrordus Verbruggen. Il entreprend de nouveaux projets, mais grève aussi fortement le budget de la communauté. En 1891, il rembourse l'intégralité de la dette due au propriétaire Caspar Houben, soit 9 000 florins. La même année, la communauté est élevée au rang d'abbaye et comprend cinquante-sept moines. Dom Verbruggen fait débuter aussi les travaux de construction de la future abbaye avec une belle église et des ailes pour les moines. Les anciens bâtiments de De Schaapskooi sont fermés et ce nom est donné à la brasserie[2].

XXe siècle

Cloître de l'abbaye.

Un désastre financier s'annonce avec l'installation de deux maisons d'accueil destinées aux communautés religieuses expulsées de France par les lois anti-catholiques. La première se nomme Maria Toevlucht (Notre-Dame-du-Refuge) et elle est ouverte en 1900 à Zundert ; la seconde ouvre en 1902 à Charneux dans la province de Liège ; mais elle est sinistrée en 1909. Tous ces biens (Koningshoeven, Zundert et Charneux) sont au nom de l'abbé, ce qui mène en 1909 à une situation étrange. Lorsque Dom Verbruggen refuse de céder ces biens, l'abbé du Mont-des-Cats reçoit des instructions de la part de Rome pour relever Dom Verbruggen de son titre d'abbé. Dom Willibrordus Verbruggen n'obéit pas, ce qui a pour effet que les moines installés à Koningshoeven, Maria Toevlucht et Charneux sont expulsés (temporairement). Plus tard, un nouvel abbé est nommé en la personne du prieur de l'abbaye de Scourmont, le R.P. Simon Dubuisson, sujet belge. Dom Verbruggen est transféré dans un monastère italien où finalement il meurt. Dom Dubuisson parvient non seulement à payer toutes les dettes du R.P. Verbruggen, mais en plus à rehausser le niveau spirituel de l'abbaye. Il jouit d'une grande estime au sein de son ordre et il est même appelé au chapitre général à résoudre des questions épineuses qui se posent dans divers monastères du monde[2].

L'abbaye fête son jubilé du cinquantenaire en 1931 et, en 1937, l'abbaye de Koningsoord, unique abbaye de trappistines à ce jour aux Pays-Bas, est fondée. En , la Gestapo vient chercher trois moines d'origine juive et frères de sang, Ignatius, Linus et Nivardus Loeb (ou Löb) pour les déporter à Auschwitz. En effet, en représailles à la lettre des évêques hollandais s'élevant contre la déportation des juifs, les autorités des Pays-Bas occupés décident immédiatement de déporter aussi les juifs convertis au christianisme, jusque-là épargnés. Les pères Ignatius et Linus Loeb sont fusillés par un peloton d'exécution en , en même temps que des prêtres polonais et ukrainiens pour avoir écouté en confession d'autres prisonniers[3]. Selon un kapo témoin, le père Ignatius Loeb aurait crié avant d'être exécuté : « pour les novices de Koningshoeven! » (Voor de noviciaat van Koningshoeven!)[3],[4].

Dom Dubuisson meurt le . Pour la première fois, la communauté doit procéder à des élections pour choisir son abbé (puisque le R.P. Dubuisson et ses prédécesseurs avaient été nommés). Elle choisit Dom Willibrord van Dijk, le premier à être sujet néerlandais. La tâche de relèvement de l'abbaye après les horreurs de la guerre est immense. L'abbaye fait l'acquisition des stations de la Croix dessinées par Albert Servaes. Koningshoeven fonde en 1953 le monastère de Rawaseneng à Java (possession coloniale néerlandaise). En 1956, c'est au tour du monastère de Kipkelion d'être fondé au Kenya[5]. En 1966, Dom van Dijk demande à être relevé de ses fonctions pour raisons de santé. Les Pays-Bas sont alors plus que tout autre pays d'Europe occidentale gravement secoués par la crise de l'Église et le départ de nombreux prêtres et religieux. La communauté choisit un prieur temporaire en attendant d'élire un nouvel abbé, car elle ne se sent pas prête en ces temps de tourment. Il s'agit du père Cyprianus van de Bogaard qui finalement est élu quatrième abbé en 1969. Né à Tilbourg, il s'efforce de tisser les liens avec la région ; mais les vocations baissent continuellement. L'exploitation agricole cesse son activité. En 1981, l'abbaye fête son centenaire. Dom van de Bogaard démissionne en 1989. Un supérieur temporaire est choisi, à cause de divergences d'opinion dans la communauté : le père Korneel Vermeiren, venant de l'abbaye de Zundert. Il est élu abbé six mois plus tard[6].

XXIe siècle

L'abbaye connaît une restauration de ses bâtiments et de son église en 2004-2005. Dom Korneel Vermeiren démissionne de sa charge d'abbé en 2005 et il est remplacé par Dom Bernardus Peeters, âgé de 37 ans. La communauté comprend alors seize moines[6].

Brasserie

Bière Tripel La Trappe.

La brasserie fondée en 1884 continue son activité de production de bière sous le nom de De Koningshoeven et la marque La Trappe.

Prieurs puis abbés

  • Sébastien Wyart (1880–1881)
  • Jérôme Parent (1881)
  • Nivard Schweykart (1881–1890)
  • Willibrord Verbruggen (1891–1909)
  • Simon Dubuisson (1909–1945)
  • Willibrord van Dijk (1945–1966)
  • Cyprien van den Bogaard (1966–1989)
  • Korneel Vermeiren (1990–2005)
  • Bernardus Peeters (2005–)

Notes et références

  1. Né Henri Wyart (1839 Bouchain-1904 Rome), chevalier de la Légion d'honneur.
  2. (nl) « Abdij Koningshoeven: Geschiedenis », sur koningshoeven.nl (consulté le )
  3. « The Loeb Family of Tilburg and Berke » (version du 26 mars 2009 sur l'Internet Archive)
  4. Ses sœurs, les trappistines Hedwigis et Maria-Theresia, sont tuées en août 1942, probablement en même temps que la carmélite Thérèse-Bénédicte de la Croix (Edith Stein) avec qui elles avaient été déportées au camp de Westerbork. Ces cinq enfants Loeb étaient tous les enfants d'un couple converti en 1906, pendant ses fiançailles, au catholicisme, Ludwig (Lutz) Loeb ou Löb et son épouse Jansje (Johanna) van Gelder, morts avant la guerre. Six des huit enfants Loeb entrèrent en religion.
  5. Monastère transféré en 2008 en Ouganda
  6. (nl) « Abdij Koningshoeven: Geschiedenis Chronologi » (version du 3 avril 2015 sur l'Internet Archive)

Bibliographie

  • Bernard Peugniez, Le Guide routier de l’Europe cistercienne, Strasbourg, Éditions du Signe, 2012, p. 414.
  • (nl) Peter Steffen et Hans Evers, Scheuren in het kleed. Het joods-katholieke gezin Löb 1881-1945, Valkhof Pers, Nimègue, 2009.

Liens externes

  • Portail du catholicisme
  • Portail du monachisme
  • Portail des Pays-Bas
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.