Aïsha Kandisha

Aïcha Kandicha, ou Aïcha Qondicha ou Lalla Aïcha est un personnage féminin soit mythique soit historique très célèbre au Maroc.

Pour certains elle est une sorte de fée ogresse mythologique, pour d'autres elle est une femme ayant réellement existé qui se serait opposée à la colonisation portugaise à Mazagan (actuelle El Jadida) en usant de ses charmes[1],[2]. Connue au Maroc mais aussi en Algérie de l'Ouest[2], elle est comparable à la fée Carabosse des contes occidentaux[3],[4]. Sa légende est répandue chez les peuples nomades et semi-nomades. Elle hante les lieux solitaires à la recherche d'hommes vagabonds[5]. Elle peut se situer dans plusieurs villes ou villages au Maroc surtout Nador.

Étymologie

Le nom de « Kandicha » est une déformation faite par les autochtones du terme « condessa » signifiant « comtesse » en portugais, et liée aux expéditions portugaises au Maroc[6].

Légende

Aïcha Kandicha symbolise la possession à travers l'image de la « mère vieillissante qui n'aurait pas lâché prise »[7]. Femme à la beauté et au charme exceptionnels, elle se rencontre de nuit, jamais le jour. Elle vit dans une rivière ou dans la mer. Son attrait est si puissant qu'aucun homme ne peut lui résister, sauf celui qui la reconnaît. Elle ne s'intéresse qu'à des célibataires et au berger nocturne[8].

Elle décrit un esprit habitant le corps de certaines femmes, ou ayant une apparence féminine. Le mythe a la particularité de varier selon les régions du Maghreb. Dans le sud, Aïsha Kandisha prend une apparence de chèvre avec de longues mamelles et de jolies jambes de femme pour séduire les hommes et les rendre fous. Dans le nord, elle prend une apparence de jolie femme avec des jambes de dromadaire[9]. Cette légende a inspiré un grand nombre de musiciens.

La plus probable des explications de cette légende connues au Maroc est qu'Aïcha était une très belle femme marocaine qui attirait les soldats portugais afin de les tuer avec l'aide des hommes de la résistance à l'époque de la colonisation[10].

Bibliographie

  • Murielle Lucie Clément, Relations familiales dans les littératures française et francophone des XXe et XXIe siècles : La figure de la mère, vol. 2, Paris, éditions L'Harmattan, , 393 p. (ISBN 978-2-296-05831-6, présentation en ligne)
  • Françoise Duvignaud, Le corps de l'effroi, vol. 1, Le Sycomore, , 146 p. (présentation en ligne).
  • Geneviève Dubois, Imaginaire et thérapie du langage, vol. 13 de Collection d'orthophonie, Paris, Elsevier Masson, , 190 p. (ISBN 978-2-294-00659-3, présentation en ligne).
  • Manfred Lurker, Dictionary of Gods and Goddesses, Devils and Demons, Routledge, 1987. (ISBN 0-7102-0877-4).

Filmographie

Le film fantastique Kandisha de Jérôme Cohen-Olivar sorti en 2010, s'inspire directement de la légende d'Aïsha Kandisha.

Sorti le , un film d'horreur, Kandisha d'Alexandre Bustillo et Julien Maury, reprend la légende d'Aïsha Kandisha mais l'histoire se déroule à Paris[11].

Discographie

  • Aisha Kandisha's Jarring Effects : Groupe de musique populaire marocaine créée à Marrakech en 1987 par trois musiciens marocains : Abdou El Shaheed, Habib El Malak et Pat Jabbar.
  • En 2007, la pianiste et compositrice Leïla Olivesi publie L'Étrange Fleur, sur lequel sont mis en musique des poèmes de la mère d'Olivesi en hommage à Aïsha Kandisha[12].

Notes et références

  1. Julie DECLOEDT, « SOCIETE - Aicha Kandisha, la comtesse légendaire…. Rêve ou cauchemar ? », LEPETITJOURNAL.COM, (lire en ligne, consulté le )
  2. Samira Douider, « Deux mythes féminins du Maghreb : la Kahina et Aïcha Kandicha », Recherches & Travaux, no 81, , p. 75–81 (ISSN 0151-1874, lire en ligne, consulté le )
  3. Dubois 2001, p. 82
  4. Lurker, Manfred (1987), p. 293.
  5. Duvignaud 1981
  6. Occupation portugaise du Maroc, propos recueillis par Julie Chaudier (lire en ligne)
  7. Institut havrais de sociologie économique et de psychologie des peuples, Cahiers de sociologie économique et culturelle, ethnopsychologie, Numéros 21 à 22, 1994
  8. monde animal, végétal et minéral dans l'imaginaire des écrivains marocains de langue française Critiques littéraires, Annie Devergnas-Dieumegard, Éditions L'Harmattan, 2003, (ISBN 2747544230), (ISBN 9782747544238), pages 432,4 33.
  9. (fr) Murielle Lucie Clément 2008, [précision nécessaire]
  10. Maâti Monjib, « Aicha Kandicha, la légende et le démon », Zamane, (lire en ligne, consulté le )
  11. Allociné
  12. Jean-Marc Gelin, « LEILA OLIVESI : « L’étrange fleur » », sur lesdnj.over-blog.com, (consulté le ).

Liens externes

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