29e division SS (russe no 1)
La 29e division SS (russe no 1) était une division d'infanterie de la Waffen-SS, composée de volontaires russes, biélorusses et ukrainiens. Elle fut, avec la brigade Dirlewanger, la plus impitoyable des divisions SS. L'unité, également appelée officiellement « brigade Kaminski » s'est rendue sinistrement célèbre pour les atrocités commises contre la population civile pendant l'insurrection de Varsovie en 1944. L'unité fut dissoute fin 1944 après le décès de son commandant Bronislaw Kaminski et les troupes intégrées dans les unités de l'armée Vlassov.
Pour l'unité italienne, voir 29e division SS (italienne no 1).
29e division SS (russe no 1) | |
Emblème de la division. | |
Création | 1933 |
---|---|
Dissolution | Mai 1945 |
Pays | Troisième Reich |
Allégeance | Allemagne |
Branche | Waffen-SS |
Type | Division SS |
Ancienne dénomination |
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Surnom | Brigade Kaminski |
Guerres | Seconde Guerre mondiale |
Batailles | Essentiellement des actions « anti partisans » |
Emblème | |
Désignations successives
- : Russkaya Ovsoboditelnaya Narodnaya Armija (RONA : РОНА en caractères cyrilliques ), en français « Armée populaire de libération de la Russie ».
- : Volksheer Brigade Kaminski, en français : « brigade populaire terrestre Kaminski ».
- : SS-Sturmbrigade RONA, en français « brigade SS d'assaut RONA ».
- : 29. Waffen Grenadier Division der SS (russische Nr.1), en français « 29e division SS de fantassins (russe no 1) ».
Historique
La brigade Kaminski a été créée en 1941 à Lokot, une ville dans la région de Briansk. Après l'occupation de la ville par la 2. Panzerarmee, des unités de l'Armée rouge qui s'étaient réfugiées dans les forêts des environs, commencèrent à attaquer les lignes d'approvisionnement allemandes. Konstantin Voskoboïnik, le chef collaborationniste de la région autonome de la république Lokot créa alors une milice composée de 18 hommes[1] chargée de lutter contre les partisans soviétiques. La présence d'un telle milice surprend les Allemands qui demeurent sceptiques quant à la compatibilité idéologique et le fanatisme d'une telle milice pour leurs objectifs politiques[2]. Le , les autorités militaires allemandes confirment cependant Voskoboïnik en tant que chef de district. La milice compte alors deux cents hommes en et continue sa mission de traque des partisans et des soldats de l'Armée rouge. En , Rudolf Schmidt récemment promu commandant de la 2. Panzearmee autorise que la milice hérite d'un secteur des lignes de communication à défendre.
Le , après la mort au combat de Voskoboïnik, tué lors d'une attaque de partisans dirigés par le NKVD dans la nuit du 7 au , le général Schmidt nomme comme nouveau commandant de cette milice Bronislaw Kaminski, le second de Voskoboïnik. Kaminski met en place une véritable administration et une police autonomes, une première en Russie[3] Il lui permet d'augmenter l'effectif de l'unité. À la mi-, la milice compte sept cents hommes et environ deux mille à l'été 1942[1].
RONA
En 1944, l'unité adopte le nom d'« Armée populaire de libération de la Russie » (Ру́сская освободи́тельная наро́дная а́рмия - Russkaja oswoboditelnaja narodnaja armija). Comme insigne, les membres de l'unité portaient les initiales « RONA » (POHA en cyrillique) sur un fond vert foncé sur un bouclier blanc avec un bord rouge, qui contenait une croix noire, sur la manche gauche.
Schmidt lui fournit des armes, l'aide à renforcer l'activité contre les partisans tout en tolérant une forme de propagande politique pour son parti politique. En , Schmidt étend l'administration de Kaminski de plusieurs districts appartenant aux oblats d'Orel et de Koursk.En , les effectifs sont 8 000 et 12 000 hommes, et presque le double en comptant les unités auxiliaires. Celle-ci est alors structurée en 5 régiments d'infanterie, 1 bataillon d'artillerie de campagne de 36 pièces, une unité blindée composée de 24 chars T-34, KV et BT-7 capturés et des unités de ravitaillement. Face au manque d'officier, Kaminski obtient des Allemands d'en sortir une trentaine des camps de prisonniers. La RONA compte ses propres unités de propagande. Durant l'année 1943 cependant, avec la défaite de Stalingrad la victoire soviétique commence à devenir plus probable qu'une victoire allemande. Ainsi de nombreux membres des unités se rallient aux partisans. Ainsi, le une révolte de 200 soldats environ cause la mort du commandant et le chef d'état-major de leur bataillon[1].
En , la division prend part à la répression de l'insurrection de Varsovie. Elle se distingue lors des massacres de Wola et d'Ochota par sa cruauté et ses pillages à grande échelle. À la suite de ces exactions, Kaminski et son personnel rapproché sont envoyés sur Łódź et, sur ordre de Bach-Zelewski, sont exécutés après un court procès. Une version selon laquelle Kaminski aurait été pris en embuscade par des partisans est alors diffusée auprès de ses subordonnés. Selon les mémoires de Heinz Guderian, Kaminski aurait été abattu en raison de ses actions à Varsovie mais aussi probablement dans le but d'éliminer un témoin peu recommandable[4].
Après les événements de Varsovie, la division, qui était encore en cours de création, est engagée à plusieurs reprises pour réprimer des insurrections, notamment en Slovaquie. Finalement, en , la tentative de porter la division à sa pleine puissance est abandonnée. Les restes de la RONA, environ 3 000 hommes, sont incorporés dans le régiment de grenadiers 1602 de la 600e division d'infanterie (russe) de l'Armée de libération russe du général Vlassov sur la zone d'entraînement militaire de Münsingen. Le numéro de division 29 est alors réattribué à une unité SS italienne au début du mois de .
Caractéristiques
- Effectifs : 10 000 hommes, essentiellement des volontaires russes, ukrainiens et biélorusses
- Insigne : РОНА surmontant une croix pattée (portant parfois le médaillon de Saint-Georges)
- Croix de fer obtenue : 0
Commandant
Début | Fin | Grade | Nom |
---|---|---|---|
SS-Brigadeführer | Bronislaw Kaminski | ||
27 septembre 1944 | SS-Brigadeführer und Generalmajor der Polizei |
Christoph Diehm | |
SS-Gruppenführer und Generalleutnant der Polizei |
Heinrich Jürs (de) |
Ordre de bataille
- Waffen-Grenadier-Regiment der SS 72 (russisches Nr.1)
- Waffen-Grenadier-Regiment der SS 73 (russisches Nr.2)
- Waffen-Grenadier-Regiment der SS 74 (russisches Nr.3)
- Waffen-Artillerie-Regiment der SS 29 (russisches Nr.1)
- SS-Füsilier-Bataillon 29
- SS-Pionier-Bataillon 29
- SS-Panzerjäger-Abteilung 29
- SS-Nachrichten-Abteilung 29
- SS-Versorgungs-Regiment 29
- SS-Veterinär-Kompanie 29
- SS-Sanitäts-Kompanie 29
- SS-Feldersatz-Bataillon 29
Actions
La brigade Kaminski commence par faire la chasse aux partisans soviétiques. Ainsi en , les hommes de Kaminski participent à une importante action contre les partisans dans les forêts au nord de Briansk. De l'ampleur de l'opération, témoignent les forces déployées dans ce secteur, comprenant un régiment de chars de la 5e division blindée, des effectifs de deux divisions allemandes d'infanterie régulière et une division hongroise d'une puissance totale de plus de 6 000 hommes. L'unité de Kaminski est repartie parmi les bataillons allemands, pour servir de guides locaux, de traducteurs et d'interrogateurs[5].
La brigade Kaminski, renommée RONA, se fait odieusement remarquer lors de la répression de l'insurrection de Varsovie en août 1944. Les hommes de Kaminski sont responsables du massacre de Wola où plus de 10 000 civils des districts de Wola et d'Ochta sont tués[6] et où ses membres font preuve d'une extrême cruauté (femmes et enfants égorgés, blessés achevés au lance-flammes, etc.). Cela suscite du dégoût même parmi certaines autres unités SS engagées.
Le SS-Obergruppenführer Erich von dem Bach-Zelewski dont dépend cette brigade durant l'insurrection va être jugé après la guerre pour sa responsabilité dans divers massacres et être condamné à plusieurs reprises à des peines de prison[7]. Il est finalement condamné à la prison à perpétuité et meurt dans la prison de Munich en 1972.
Après la destruction de Varsovie, la brigade RONA est envoyée combattre l'armée soviétique puis se trouve quasiment anéantie. Les rares survivants (Russes, Lettons, Ukrainiens, etc.) capturés par l'Armée rouge sont ensuite envoyés en URSS où ils sont très probablement exécutés[8].
Notes et références
- Jean Lopez, Barbarossa 1941 : la guerre absolue, Passés Composés, , 956 p. (ISBN 978-2-37933-186-2, lire en ligne), p. 591-592.
- Bourgomistr i Palatch, Dmitri Joukov et Ivan Kovtoun, p. 130
- Masha Cerovic, Les Enfants de Staline, Le Seuil, 2018, p. 181-182
- Heinz Guderian: Erinnerungen eines Soldaten (Autobiografie) 18. Aufl., Motor-Buchverlag, Stuttgart 2003, (ISBN 3-87943-693-2)
- (en)Charles D. Winchester, Ian Drury, Hitler’s War on Russia, Bloomsbury Publishing, (ISBN 9781849089951, lire en ligne), p. 143
- (en)Gordon Williamson, The Waffen-SS (4): 24. to 38. Divisions, & Volunteer Legions, Bloomsbury Publishing, (ISBN 9781780965789, lire en ligne), p. 16
- (de)Von Dem Bach-Zelewski. Die Toten stehen auf. Der Spiegel, 07.01.1959 sur spiegel.de
- http://deuxieme-guerre-mondiale.histoire-en-questions.fr/episodes/crimes-bandes-tueurs.html
Voir aussi
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