Île de Tounis

L’île de Tounis était une île sur la Garonne dans la ville de Toulouse, séparée de la rive droite par un bras du fleuve appelé la Garonnette. La Garonnette ayant été asséchée en 1954, le « quartier de Tounis » n’est plus une île mais communique toujours principalement avec le reste de la ville par des ponts.

Quai de Tounis
Le pont de Tounis et les lavandières
Musée du Vieux Toulouse
Vue du pont de Tounis, dessin de Léon Soulié lithographié par Gantier

Étymologie

Il est généralement admis que le nom de Tounis vient du prénom Antoine, sous sa forme occitane Touni, en raison de la présence d’un très ancien oratoire dédié à saint Antoine, et d’un port qui s’appelait également Saint-Antoine. L’hypothèse selon laquelle l’île aurait été appelée du nom de la ville de Tunis par d’anciens soldats revenus des Croisades relève de la légende.

Géographie

L’île de Tounis présente une forme de fuseau très allongé, dans la courbe que décrit la Garonne après la première partie de son cours, où elle s’oriente vers l’ouest en direction de l’Océan. L’île est dans un axe nord-sud et elle se trouve dans la continuité des îles du Ramier toulousain enjambées dans leur partie nord par le pont Saint-Michel. Ses dimensions ont fortement varié au cours des siècles en fonction des perturbations produites par le cours du fleuve et les travaux des hommes : endiguements et création des quais.

L’hypothèse selon laquelle l’île serait une création artificielle, la Garonnette ayant été creusée pour servir de canal de fuite aux moulins du Château narbonnais situés en amont, à l’extrémité sud de l’île, ne résiste pas à une étude approfondie.

L’île comprenait une rue centrale, et quelques rues transversales, dont la rue actuelle du Pont de Tounis qui seule a subsisté. Avec la création des quais, les maisons situées en bord de Garonne ont été détruites : la rue centrale est devenue le quai de Tounis. La pointe Nord de l’île, qui atteignait la première pile du Pont-Neuf, a ainsi disparu, la rive droite de la Garonne retrouvant l’alignement avec le quai de la Daurade au-delà du Pont-Neuf. Le quai de Tounis, fortement surélevé pour atteindre la hauteur de la place du Pont-Neuf par une nouvelle arche enjambant la Garonnette, a transformé en cave les rez-de-chaussée de certaines maisons.

Histoire

L’île de Tounis est peuplée très tôt, principalement par des artisans dont les activités sont liées au fleuve, nécessitant l’usage de l’eau mais aussi d’égouts pour évacuer des résidus : pêcheurs, lavandières, teinturiers, tanneurs, corroyeurs, bouchers… Métiers qui engendrent beaucoup de mauvaises odeurs, et que l’on tend à chasser des autres quartiers de la ville. C’est donc un quartier très actif, mais toujours très pauvre, sans cesse dévasté par les inondations, et qui n’a du reste conservé aucun élément architectural notable antérieur au XIXe siècle.

Les ponts

L’île de Tounis a constitué un point d’appui pour plusieurs ponts traversant la Garonne : l’aqueduc antique, dit pont de la reine Pédauque, probablement doublé d’un pont pour le passage des personnes et des marchandises, passant par l’actuelle Prairie des Filtres en venant des hauteurs de Lardenne, atteignait la pointe nord de l’île, puis la rive droite de la Garonne. Les restes des piles subsistèrent assez longtemps dans le lit du fleuve, et la pile de Tounis fut longtemps célèbre pour avoir supporté la Gabio (occitan gàbia, « cage »), cage où l’on enfermait les personnes accusées de prostitution ou de proxénétisme, et que l’on descendait dans la Garonne : les rares qui survivaient à la noyade étaient reconnus innocents. De là venait aussi le nom du port de la Gabio installé à cet endroit.

Le pont principal reliant l’île à la ville était le pont de Tounis, longtemps en bois, puis construit en briques, toujours présent, le plus ancien de Toulouse. Il se prolongeait dans la traversée de la Garonne par le pont de Comminges, plusieurs fois construit et emporté par les eaux, subsistant pour un temps sous le nom de pont de bois.

Au nord, le pont Pigasse, en bois, rejoignait la ville. Il fut emporté à plusieurs reprises, construit enfin en dur, mais disparut en 1767 où il fut remplacé par un bac. En 1871, on construit un pont suspendu métallique étroit, que les habitants appellent le pont de fil de fer.

En partie sud de l’île, un pont de sept arches fut construit au Moyen Âge pour recevoir les moulins dits du Château narbonnais, situés près du château qui était la résidence des comtes de Toulouse. La Garonnette actionnait seize meules et constituait le canal de fuite des moulins.

Notes et références

    Sources

    • Pierre Salies, Dictionnaire des rues de Toulouse, 1989, Milan
    • Jean-Marie Arrouy, L'île de Tounis : Histoire d'un quartier au cœur de Toulouse (du XVIIe au XXe siècles), Toulouse, Nouvelles Éditions Loubatières, 2005
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