Épître à Diognète

L’Épître à Diognète (en grec ancien (grc)) est une lettre d’un auteur chrétien anonyme qui date de la fin du IIe siècle. Il s’agit d’un écrit apologétique adressé à Diognète pour démontrer la nouveauté radicale du christianisme sur le paganisme et le judaïsme[1].

Histoire

Le manuscrit

Henri-Irénée Marrou a retracé, en 1951, l'histoire mouvementée du seul manuscrit dont nous disposions[2], depuis sa découverte à Constantinople, au début du XVe siècle, dans une poissonnerie où il servait de papier d'emballage, jusqu'à son arrivée à la bibliothèque de l'abbaye de Munster où il est édité en 1592 par Henri Estienne ; en 1793, il est déposé dans le cadre de l'interdiction des congrégations catholiques, à la bibliothèque municipale de Strasbourg où il est détruit en 1870 dans les incendies déclenchés par l'artillerie allemande.

Le destinataire

Pour Marrou, il s’agit de Claudios Diognetos, procurateur équestre en poste en Égypte entre 197 et 202 ; d'autres[3] évoquent le philosophe stoïcien Diognète, un des précepteurs de Marc-Aurèle. Il se peut aussi que ce nom (« enfant de Zeus ») désigne symboliquement les amis païens de l'auteur[4].

L'auteur

Estienne attribue la rédaction de l'Épître à Justin (100-165), considéré comme le premier philosophe chrétien ; par la suite, d'autres attributions furent proposées : Clément (150-215) qui enseignait alors à Alexandrie, Pantène (déc. 216), le fondateur de l’école catéchétique ou encore Caius Asinius Quadratus[4] ou Méliton de Sardes[4] ou Théophile d'Antioche[4].

Citation

L'adhésion des chrétiens au Christ leur impose, sans se distinguer des autres hommes, d'être « l'âme du monde » :

« Les chrétiens ne sont distingués du reste des hommes ni par leurs pays, ni par leur langage, ni par leur manière de vivre ; ils n'ont pas d'autres villes que les vôtres, d'autre langage que celui que vous parlez ; rien de singulier dans leurs habitudes. […] Ils habitent leur cités comme étrangers, ils prennent part à tout comme citoyens, ils souffrent tout comme voyageurs. […] Comme les autres, ils se marient, comme les autres, ils ont des enfants, seulement ils ne les abandonnent pas. […] Les chrétiens sont dans le monde ce que l'âme est dans le corps : l'âme est répandue dans toutes les parties du corps ; les chrétiens sont dans toutes les parties de la Terre ; l'âme habite le corps sans être du corps, les chrétiens sont dans le monde sans être du monde. »

 Trad. de Genoude, 1837-1843

Traductions

  • Épître à Diognète, dans la collection Sources chrétiennes, édité à deux reprises par H.-I. Marrou, porte le numéro 33 bis.
  • Épître à Diognète. Comment vivre en chrétien, dans la collection La manne des Pères, Saint-Léger Éditions.
  • À Diognète, in Premiers écrits chrétiens, dir. B. Pouderon, J.-M. Salamito, V. Zarini, La Pléïade, NRF, Gallimard, pp. 810-821.
  • Justin de Naplouse et Antoine Eugène Genoud (Traduction), Épître à Diognète, suivi : Du livre de La Monarchie, CreateSpace Independent Publishing Platform, , 28 p. (ISBN 978-1533045898)

Références

  1. La célébrité, pour ne pas dire la popularité, de l’Épître à Diognète ne remonte pas au-delà de l’édition princeps qu’Henri Estienne en a donnée, à Paris en 1592. Ni l’antiquité chrétienne ni le Moyen Âge n’ont parlé de lModèle:’Épître à Diognète.
  2. Deux copies de l'original subsistent : l’une par Hausius en 1579 à la bibliothèque de Tübingen, l’autre par Henri Estienne en 1586 à la bibliothèque de Leyde.
  3. Le P. Halloix (1631).
  4. Après Jésus. L'invention du christianisme, sous la dir. de Roselyne Dupont-Roc et Antoine Guggenheim, Albin Michel, 2020, p. 431.

Liens externes

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