Émile Roche

Émile Roche, né le à Estaires (Nord), fils d'épicier, et mort le à Paris[1], est un homme politique et journaliste français.

Un jeune journaliste à Hazebrouck

Émile Roche commence sa carrière à 18 ans comme journaliste au service du titre fondé en 1910 par Jules-Auguste Lemire, député du Nord depuis 1893 et l'une des figures marquantes de la démocratie chrétienne, qui a eu à maintes reprises des démêlés avec la hiérarchie catholique. Émile Roche écrit ainsi pendant trois ans dans Le cri des Flandres hebdomadaire d'informations générales dans les quatre cantons, d'Hazebrouck (Nord et Sud), Cassel et Steenvoorde.

Le jeune Émile Roche "dévore" les livres sur l'économie et le social[2], devenant l'ami proche de Jules-Auguste Lemire. Cette rencontre lui inocule le virus de la politique et le met en contact avec le personnel politique de la région[2].

Il est également collaborateur de L'éveil Démocratique de Marc Sangnier, autre catholique social et progressiste, et plus tard fondateur de La Voix un nouveau quotidien qui deviendra par la suite hebdomadaire.

Un homme politique radical anticommuniste

Il devient un proche collaborateur de Joseph Caillaux en 1927 et le restera jusqu'à la mort de ce dernier. Il est secrétaire en 1929 puis vice-président du Parti radical dans les années 1930[3]. Président des radicaux du Nord, candidat radical sans succès à des législatives en 1934 à Cambrai, il est le directeur du quotidien L'Ere nouvelle dans lequel il anime un courant résolument anticommuniste. Il fait partie au sein du parti radical-socialiste de la tendance minoritaire hostile au Front populaire[4].

Fait partie des journalistes recrutés par le patronat aux débuts du front populaire alors qu'il était président de la fédération radicale du Nord. Il est nommé directeur du journal «La République » sauvé de la faillite par des fonds allemands en février 1933 et financé tout au long de son existence par le comité des forges et les textiles du Nord[5].[source insuffisante]

Durant le front populaire il mène une campagne de dénonciations des meneurs « politiques » des grèves « toujours en quête de trouble social »[6]

Dans son journal aux côtés de Marcel Déat et Pierre Dominique il conduit une campagne en faveur d'un plébiscite pour la cession des sudètes, relayant alors une exigence d'alors de Berlin[7][source insuffisante].

Le fonds Émile Roche-Joseph Caillaux contient une partie de ce qu'Émile Roche possédait au sujet de Joseph Caillaux. On y trouve, notamment, la correspondance personnelle échangée entre les deux hommes. Une partie a été publiée dans son ouvrage de 1980 Avec Joseph Caillaux. Mémoires, souvenirs et documents ( Publications de la Sorbonne ).

Sous l'Occupation

Sous l'Occupation, Émile Roche fréquente les milieux du RNP de Marcel Déat sans en être membre[8] et participe au journal collaborationniste Les Nouveaux Temps; il y critique les anciens partis et prend position pour le parti unique[9]. En 1950, il interviendra en faveur d'Otto Abetz, dont il fut et restera l'ami[10].

De la IVe à la Ve République

Il dirige après la guerre La Semaine économique, qui fusionne en 1950 avec La Vie française[11]. Il est président administratif du parti radical ( 1951-1954 ), vice-président du Rassemblement des gauches républicaines, et présent au Grand-Orient[12]. Entré au Conseil économique et social en 1951, il en devient à la mort de Léon Jouhaux le président du à 1974[13].

Parallèlement, il poursuit son combat anticommuniste: il demande la mise hors-la loi en 1950 du Parti communiste[14]. Et surtout, il appuie les officines anticommunistes de Georges Albertini[15],[16], survivant du RNP de Marcel Déat dont il gérait le mouvement en direction de la jeunesse avant d'être son directeur de cabinet au ministère du travail en 1944, officines largement subventionnée par les milieux patronaux. Il possède cent parts de la SARL appelée le Centre d'archives et de documentation politique et sociale ( à la fois club de réflexion, lieu de rencontre et agence de presse ) à sa fondation en 1951, et encore en 1961[17]. Ce centre avait, à l'instar de l'avant guerre fondé pour combattre les influences communistes dans les milieux ouvriers et faire de la propagande anti-soviétique. Comme avant guerre et comme durant l'occupation, Georges Albertini fut donc chargé de diriger dès cette époque des publications multipliées au tournant des années 1940 et autres instruments de guerre de classe dotées des plaisantes dénominations « économiques et sociales » que prisait le patronat dans les années 1920 et 1930[18],[19]. Il préside aussi aux destinées de l'Institut d'histoire sociale de Boris Souvarine[20], de 1958 à 1976. Une autre partie des archives d'Émile Roche se trouve à l'Institut à Nanterre.

Il est aussi administrateur de diverses entreprises : Poliet et Chausson, les Entreprises de dragage et de travaux publics, la Banque de la Cité, les glaces de Boussois, Pétro-Fuga, Commentry-Oissel. Au Maroc, il est président de la Compagnie marocaine du machinisme agricole et administrateur de la Banque suisse et française d'investissements et de dépôts[21].

Décorations

Notes et références

  1. État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
  2. "Un homme d'influence : Émile Roche (1893-1990)", par Franck Tison, dans la Revue du Nord, 1994
  3. « Émile Roche et Joseph Caillaux », sur http://centre-histoire.sciences-po.fr (consulté le ).
  4. Serge Berstein, Histoire du parti radical: le temps des crises et des mutations, 1936-1939, PNFSP, 1982, p. 466
  5. PP 174 13 juin 1936, BA 2023 APP
  6. Emile Roche, « Apaisement ou révolution », La République,
  7. Henri Guillemin, La vérité sur l'affaire Pétain, Genève, Milieu du Monde, , p. 117-118
  8. Pierre Rigoulot, Georges Albertini, Socialiste, collaborateur, gaulliste, Perrin, 2012, p. 194
  9. Claude Lévy, Les Nouveaux temps et l'idéologie de la collaboration, Armand Colin, p. 88-89
  10. Barbara Lambauer, Otto Abetz et les Français ou l'envers de la collaboration, Paris Fayard, 2001, p. 696-697
  11. Revue du Marché commun, 1958, p. 134
  12. Pierre Rigoulot, op. cit., p. 264, Michel Winock, Le temps de la guerre froide, Seuil, 1994, p. 254, Revue du Marché commun, 1958, p. 134
  13. (es) « Desde sieyes hasta nuestros dias », sur http://www.conseil-economique-et-social.fr (consulté le ).
  14. Michel Winock, Le temps de la guerre froide, Seuil, 1994, p. 163
  15. Frédéric Charpier, Les valets de la guerre froide, Paris, François Bourin, , 487 p., page 343 et suivantes
  16. Source Internet, « mémoire juive et éducation », « The destiny of 1019 nazi criminals and accomplices », rubrique Georges Albertini
  17. Pierre Rigoulot, op. cit., p. 233
  18. Patrick Fridenson, Histoire des Usines Renault 1. Naissance de la grande entreprise, 1898-1939, Paris, Seuil, 2ème édition 1998
  19. Ingo Kolboom, La revanche des patrons. Le patronat français face au Front Populaire,, Paris, Flammarion
  20. L'« Institut d’Histoire sociale et de Soviétologie » avait été une « association fondée en 1935 par Souvart, né Lifchitz Boris, dit Boris Souvarine » et présentée alors « comme filiale de l’Institut international d’histoire sociale » d’Amsterdam. Elle reçut en 1965 le nom d’Institut d’histoire sociale qui demeure le sien. Pour ses origines et financement voir note sous Albertini
  21. Le Conseil économique, 1957, Revue du Marché commun, 1958, p. 134

Voir aussi

Article connexe

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