Émeutes de 1991 à Mantes-la-Jolie

Les émeutes de Mantes-la-Jolie se sont déroulées entre les mois de mai et de juin 1991, principalement dans le quartier du Val Fourré. Ces émeutes s'inscrivent dans un contexte national de manifestations violentes et de débordements nombreux dans les banlieues des grandes villes[1] : en 1990 à Argenteuil, Vaulx-en-Velin, Chanteloup-les-Vignes et Achères, en mars 1991 à Sartrouville, à Meaux, en juin à Garges-lès-Gonesse et en juillet à Aulnay-sous-Bois[2]. Plusieurs de ces événements inspirent Mathieu Kassovitz, qui tournera le film La Haine en 1995[3].

Les 25 et 26 mai 1991, devant le refus qui leur est opposé d'entrer dans une patinoire où a lieu une fête privée, plusieurs dizaines de « jeunes » du Val Fourré brûlent des voitures de France Télécom et saccagent plusieurs magasins d'un centre commercial[4]. Des malfaiteurs plus âgés profitent des circonstances pour dévaliser une bijouterie. De nombreux jeunes affrontent les forces de l'ordre déployées en vue de les disperser. Plusieurs arrestations ont lieu.

Un des jeunes, placés en garde à vue pour avoir caillassé des véhicules de police, décède d'une crise d'asthme[5]. La cité s'embrase. Édith Cresson, alors Premier ministre, intervient personnellement auprès de la famille pour lancer un appel au calme et que ce décès ne déclenche pas de nouvelles émeutes de grande ampleur.

Nuit après nuit, des émeutes ont éclaté, avec des affrontements violents entre les jeunes et les policiers[6]. Des centaines de CRS "campent" autour du quartier, mais les violences s’enchaînent : les magasins sont pillés, les commerces incendiés, les rideaux métalliques défoncés à coup de voiture bélier. des véhicules et des bâtiments publics sont incendiés ou mis à sac[7]. Des bombes artisanales à base de bouteilles de butane sont découvertes et les forces de l'ordre sont la cible de tirs de mortier artisanaux réalisés avec des feux d'artifice. Des électroménagers sont jetés du haut de certaines tours d'immeubles sur les véhicules affichant un symbole de l'administration ou de la police. Les médecins et les pompiers font, eux aussi, face à de nombreuses agressions et caillassages. Certains sont appelés en urgence afin de les faire tomber dans des guet-apens[8]^,[9].

En marge des affrontements et des actes de vandalisme ou d'hostilité, des rodéos sont organisés certains soirs avec des véhicules volés à Mantes-la-Jolie et dans ses environs.

Le dimanche 9 juin 1991, à 1 h 45, des policiers mettent en place un barrage à l'entrée du Val-Fourré, à Mantes-la-Jolie. Un véhicule fonce sur une policière de 32 ans qu'il blesse mortellement[10] ^,[11] ^,[12]. Son agresseur, un jeune de 19 ans, a été condamné en 1997 à 10 ans de réclusion criminelle.

Quelques minutes plus tard, au même endroit, un de ses collègues tire sur un des trois véhicules qui foncent sur le barrage de police et l'un des occupants, Youssef Khaïf, est abattu[5]. Cette soirée marquera le sommet des violences entamées[13].

Depuis, des mesures de rénovation urbaine ont été prises et l'on tente de ramener une mixité sociale[14].