Éliette Abécassis

Éliette Abécassis, née le à Strasbourg[3] (Bas-Rhin), est une femme de lettres, réalisatrice et scénariste française.

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Biographie

Jeunesse et formation

Éliette Abécassis naît à Strasbourg au sein d'une famille juive orthodoxe marocaine très pratiquante. Son enfance est imprégnée par le quotidien de la communauté juive strasbourgeoise. Son père, Armand Abécassis, enseigne la philosophie et est un penseur renommé du judaïsme dont la pensée a imprégné l'interprétation talmudique strabourgeoise. Il a notamment joué un rôle considérable dans la création et l'enseignement de l'école Aquiba de Strasbourg. Sa mère, Janine, est professeur et spécialiste de psychologie de l’enfant et du développement[3],[4]. Dans plusieurs romans à portée autobiographique, Éliette Abécassis déclare avoir été très influencée par le milieu et l'éducation religieuse sépharades, mais avoir également parfois été étouffée par elle et tentée de s'en émanciper à de nombreuses reprises, surtout au cours de sa jeunesse. Elle déclare son attachement à l'universalisme français.

Après le baccalauréat, elle quitte à 17 ans Strasbourg pour aller suivre à Paris des études en classes préparatoires littéraireshypokhâgne et khâgne — au lycée Henri-IV[3]. Elle intègre par la suite l'École normale supérieure de la rue d'Ulm, où elle obtient l'agrégation de philosophie, et enseigne ensuite la philosophie à l'université de Caen[3]. « Je n’étais pas beaucoup plus âgée que mes élèves. Ils étaient très bons, tous passionnés par la philosophie, qui ne débouche pourtant sur rien d’autre que sur elle-même[3]. »

À 23 ans, elle part un an aux États-Unis à l'université Harvard, grâce à une bourse d'étude. Elle écrit alors son premier livre, Qumran, un roman policier métaphysique qui traite de meurtres mystérieux liés à la disparition des manuscrits récemment découverts de la mer Morte[3].

Carrière littéraire et cinématographique

Pour son premier roman Qumran[5], Éliette Abécassis ne se contente pas de ses connaissances préalables sur le monde hébreu, elle pousse ses recherches jusqu'en Israël, à Jérusalem, à Qumran et est allée aussi aux États-Unis dans plusieurs bibliothèques, archives et lieux de culture du judaïsme contemporain afin d'obtenir le plus de renseignements possibles. Ces recherches durent trois années[6]. Elles seront payantes : Qumran sort en 1996 et obtient immédiatement un immense succès[4] ; le livre est traduit en dix-huit langues. Les principales maisons d'édition avaient pourtant refusé le manuscrit, jusqu'à ce que les éditions Ramsay l'acceptent[7].

En 1997, elle commence à enseigner la philosophie à Caen et publie L'Or et la Cendre, l'histoire mystérieuse du meurtre d'un théologien berlinois, toujours aux éditions Ramsay. En 1998, elle écrit un essai sur le Mal et l'origine philosophique de l'homicide : Petite Métaphysique du meurtre aux Presses universitaires de France.

En , elle publie chez Albin Michel La Répudiée. Pour ce roman, elle reçoit le Prix des écrivains croyants 2001. Ce roman s'inspire du scénario qu'elle a écrit pour le film Kadosh du réalisateur israélien Amos Gitaï. En 2001, Le Trésor du temple relate la suite de Qumran sur les traces des Templiers : Ary Cohen et Jane Rogers se retrouvent pour enquêter sur le secret du temple de Jérusalem. La trilogie de Qumran emprunte la forme du roman d'aventure et de suspense mais dissimule dans les intrigues une véritable érudition et une réelle ambition métaphysique. La même année, elle réalise le court-métrage La Nuit de noces, dont le scénario est coécrit avec Gérard Brach.

Eliette Abécassis au Salon du Livre de Paris 2012.

En 2002 paraît le roman Mon père[8], qui raconte la remise en cause d'une relation père-fille idyllique, tandis que Qumran est adapté en bande dessinée par Gémine et Makyo. En 2003, son roman Clandestin raconte l'histoire d'un amour impossible. Il fait partie de la sélection des douze livres du prix Goncourt.

En 2004 paraît le dernier volet de Qumran, La dernière tribu. En 2005, avec son roman Un heureux événement, Éliette Abécassis aborde le thème de la maternité. Elle réalise également le documentaire-fiction Tel Aviv la vie, avec Tiffany Tavernier.

En 2009, elle publie le roman Sépharade[9], dont l'héroïne dans sa quête existentielle va s'immerger dans le monde des juifs séfarades du Maroc. En 2011, elle publie Et te voici permise à tout homme, où elle raconte les difficultés d'obtenir le divorce religieux[10].

En 2013, elle publie Le Palimpseste d'Archimède[11].

En 2014, elle publie Un secret du docteur Freud, écrit avec l'aide de sa mère, psychanalyste. En 2015, paraît Alyah, sorte de témoignage d'une femme juive après les attentats de janvier 2015 en France[12]. Le maître du Talmud, publié en 2018, est un nouveau thriller historico-religieux, dont l'intrigue se situe dans le royaume de France, au XIIIe siècle, marqué par l'émergence de l'inquisition et le fanatisme religieux[13].

Engagements

Eliette Abécassis est engagée dans des associations de lutte pour les droits et les libertés des femmes, dont l'association SOS les Mamans[14]. Aux côtés de la juriste Marie-Anne Frison-Roche et de la philosophe Sylviane Agacinski, elle milite vigoureusement contre la GPA, qu'elle assimile à une pratique de marchandisation du corps des femmes et de réification de l'enfant.

Vie privée

Éliette Abécassis est divorcée et mère de deux enfants[3].

Œuvre

Romans

  • Qumran, Ramsay, 1996.
  • L'Or et la Cendre, 1997.
  • Petite Métaphysique du meurtre, 1998.
  • La Répudiée, 2000.
  • Le Trésor du temple, 2001.
  • Mon père, 2002.
  • Clandestin, 2003.
  • La Dernière Tribu, 2004.
  • Un heureux événement, 2005.
  • Le Corset invisible, 2007.
  • (Avec Armand Abécassis), Le Livre des passeurs, 2007.
  • Mère et Fille, un roman, 2008.
  • Sépharade, 2009.
  • (Avec Mark Crick), Le Messager, 2009.
  • Une affaire conjugale, 2010.
  • Et te voici permise à tout homme, 2011.
  • Le Palimpseste d'Archimède, 2013.
  • Un secret du docteur Freud, 2014.
  • Alyah, 2015.
  • Le Maître du Talmud, 2018, Éd.: Albin Michel, (ISBN 2226328653)[13].
  • L'Envie d'y croire ; journal d'une époque sans foi, 2019, Albin Michel.
  • Nos rendez-vous, 2020, Grasset
  • Instagrammable, 2021, Grasset


Participations

Livres sur la condition féminine

Éliette Abécassis a écrit des livres et des articles sur la condition féminine, qu’elle défend au sein de plusieurs associations, comme Le Corset invisible en 2007, avec Caroline Bongrand.

« Le corset, avec l’avènement du féminisme, a disparu de nos armoires. Aujourd’hui, notre ventre et nos mouvements sont libres, et nous pouvons respirer. Mais notre corps et notre esprit sont enfermés, comprimés, atrophiés dans un corset plus insidieux que celui des siècles précédents, parce qu’il ne se voit pas. […] Aujourd’hui, le corps de la femme est en fait contrôlé par l’épuisement à la tâche, les régimes et les nouvelles normes de beauté. Son esprit, soi-disant affranchi de la domination masculine, se trouve sous l’emprise de la société dans son ensemble, qui semble conspirer contre elle[15]. »

En 2018, elle publie Bébés à vendre chez Robert Laffont, une critique de la GPA, où elle dénonce la marchandisation des corps des femmes[16].

Littérature jeunesse

Éliette Abécassis a également publié une série de livres pour enfants : T’es plus ma maman, Je ne veux pas dormir, Il a tout et moi j’ai rien, Astalik fait ses courses et Je ne veux pas aller à l’école.[réf. nécessaire]

Elle a, avec sa fille, raconté et chanté un conte pour enfants, Lulu veut être chanteuse, paru en livre numérique sur la plateforme Whisperies[17].

Filmographie

Réalisatrice

Scénariste

Adaptations cinématographiques de son œuvre

Musique

Éliette Abécassis est parolière, notamment pour le groupe de rock français Debout sur le zinc. Elle a également écrit pour Enrico Macias la chanson Sépharade[18].[réf. nécessaire]

Distinctions

Notes et références

  1. Tout le monde en parle - 19 novembre 2005.
  2. 120 000 exemplaires vendus en France.
  3. Biographie d'Éliette Abécassis, Laurence Durieu, VSD, http://www.vsd.fr - 26 octobre 2008.
  4. Alice Develey, « Éliette Abécassis, romancière engagée », Le Figaro, (lire en ligne)
  5. « Eliette Abécassis, vitale », Le Point, (lire en ligne, consulté le ).
  6. Un secret du docteur Freud, Eliette Abécassis, Pierrette Epsztein, la Cause Littéraire
  7. Blaise De Chabalier, « Chronique d'une femme trahie », Le Figaro, (lire en ligne)
  8. « Eliette Abécassis : J'ai entendu la voix de mon père », sur Psychologies.com, (consulté le ).
  9. http://chroniquesdelarentreelitteraire.com/2009/11/archives/romans-francais/sepharade-deliette-abecassis
  10. « Elisa Tovati et Eliette Abécassis », France Inter, (lire en ligne)
  11. Ruggero Gambacurta-Scopello, « Le Palimpseste d'Archimède », Le Monde des religions, (lire en ligne)
  12. « Critiques de Alyah - Eliette Abecassis (13) - Babelio », sur babelio.com (consulté le ).
  13. Alice Develey, « Éliette Abécassis, romancière engagée », Le Figaro, (lire en ligne)
  14. SOS les Mamans, « Association SOS les Mamans », sur www.soslesmamans.com (consulté le )
  15. Le corset invisible
  16. Carl Meeus, « Éliette Abécassis, la femme révoltée », Le Figaro Magazine, semaine du 2 novembre 2018, p. 24-25.
  17. Marine de la Horie, « Californie, pop-up, philo, lecture... La liste de nos envies », Le Point, (lire en ligne)
  18. Véronique Mortaigne, « Enrico Macias en chanteur intercommunautaire », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
  19. « Les lauréats du Prix littéraire », sur Centre Alberto Benveniste (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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