Église congrégationaliste

Les Églises congrégationalistes sont des églises protestantes de tradition réformée, pratiquant une forme d’organisation d’église où chaque paroisse se gère de manière entièrement autonome et indépendante. Le congrégationalisme se caractérise plus comme un mouvement que comme une dénomination chrétienne en raison de sa conviction fondamentale en faveur de l’autonomie complète de chaque paroisse. Malgré la forte diversité théologique inhérente à leur forme d'organisation, la plupart des congrégationalistes se considèrent d'abord comme des réformés, soit traditionnels soit néo-orthodoxes (barthiens).

Ne pas confondre avec le congrégationalisme, forme de gouvernement de l’Église qui a pu être appliqué par différentes églises protestantes à différentes époques.
Église congrégationaliste à Cheshire (Connecticut), aux États-Unis.

Les congrégationalistes, selon la définition du centre de recherche indépendant Pew Research Center, représentent environ 0,5 % de la population protestante mondiale, soit 4 millions de chrétiens répartis essentiellement dans les grands pays anglophones (Royaume-Uni, États-Unis, Canada, Australie, Afrique du Sud, Irlande) et dans quelques « terres de mission » (Argentine, Bulgarie, îles Samoa, Tokelau)[1].

Origine

John Wyclif haranguant des Lollards, par William Frederick Yeames (1835-1918)

L’idée que chaque paroisse chrétienne représente complètement le corps visible de l’Église peut être attribuée à John Wycliffe et au mouvement des Lollards qui se manifesta en Angleterre autour des années 1380.

Les congrégationalistes proprement dits sont apparus pendant la Réforme anglaise où ils faisaient partie des non-conformistes puritains qui estimaient que l'Église n'avait été que partiellement réformée et contestaient l’autorité de la reine Élisabeth Ire d’Angleterre qui tentait, pour préserver la paix et l’unité du pays, d’établir une Église d’Angleterre officielle unifiée autour d’un protestantisme teinté de tradition et du maintien de certains rites catholiques. On les appelait alors puritains mais aussi séparatistes ou indépendants. Certains congrégationalistes britanniques s’appellent toujours des independents.

Beaucoup de congrégationalistes se réclament de l’ecclésiologie du théologien Robert Browne, auteur d’un traité à ce sujet en 1582[2].

Histoire récente

En 1931 fut formée une union des Églises congrégationalistes chrétiennes (Congregational Christian Churches (en)) par regroupement de deux organisations : la National Council of the Congregational Churches of the United States (en) et la General Convention of the Christian Church, une église issue du movement restaurationniste (Restoration Movement (en)). Le style des cultes congrégationalistes était plus formel, moins évangélique que celui des membres de la General Convention of the Christian Church, implantés pour la plupart dans les régions rurales du Midwest et du sud des États-Unis. Les deux composantes de la nouvelle union d’église surent néanmoins maintenir le principe de l’autonomie des paroisses et éviter de créer toute contrainte dogmatique.

Église congrégationaliste à Coral Gables, en Floride.

Au début du XXe siècle, certaines paroisses congrégationalistes s’étaient offusquées de ce qu’ils voyaient comme le début de la mise en place d’une autorité régionale ou nationale au-dessus des paroisses, que ce soit par le biais de sociétés missionnaires, de comités ou de conférences au niveau des états. Certaines paroisses s’opposaient également aux influences libérales qui semblaient relativiser la valeur des notions de péché et de la doctrine de l’expiation. En 1948, des adhérents de ces deux courants de pensée (surtout du 2e) créèrent une nouvelle union d’églises, la conférence conservatrice chrétienne congrégationaliste (Conservative Congregational Christian Conference (en) ou CCCC). C’était la première rupture majeure au sein des communautés congrégationalistes depuis 1825, date du schisme unitarien.

En 1957, le Conseil général de la Congrégation Églises chrétiennes aux États-Unis fusionna avec l’Église évangélique et réformée (Evangelical and Reformed Church (en) ou UCC) pour former l’Église unie du Christ (United Church of Christ), entraînant avec lui environ 90 % de ses paroisses. Certaines paroisses restées donc à l’écart de la fusion se joignirent à la CCCC (voir plus haut), d'autres constituèrent l’Association nationale des Eglises chrétiennes congrégationalistes (National Association of Congregational Christian Churches (en)) ; regroupant des opposants à la fusion au sein de l'UCC essentiellement unis par leur préoccupation commune quant à la pérennité de la totale autonomie des paroisses, la NACCC comporte donc une grande variété de positions théologiques. Enfin, certaines autres paroisses ne s’affilièrent à aucune organisation particulière.

Influence et postérité

Aux États-Unis, l’histoire des églises congrégationalistes est étroitement lié à celle des presbytériens, particulièrement en Nouvelle-Angleterre où un accord entre églises autorisait les congrégationalistes qui migraient vers l’Ouest à rejoindre des paroisses presbytériennes.

Les églises congrégationalistes ont fourni en même temps le premier exemple d’idéal théocratique américain[3] et le terreau sur lequel s’est développé le libéralisme américain, tant social que religieux.

Fondation de grandes universités américaines

L'université Harvard en 1767, gravure de Paul Revere

Certaines des plus anciennes universités américaines ont été fondées par des congrégationalistes : Harvard, Yale, Dartmouth, Williams, Bowdoin, Middlebury, Amherst, et un peu plus tard Carleton College, Grinnell College (en), Oberlin College, Beloit College, Pomona College, Rollins College (en) et Colorado College.

Unitarisme

Dénués - par choix - de toute autorité supérieure pouvant assurer une unité doctrinale, les congrégationalistes ont connu une diversification théologique particulièrement marquée. Malgré les efforts des calvinistes pour maintenir leur vues théologiques, certaines églises congrégationalistes ont dérivé vers l’arminianisme, l’unitarisme, le déisme et le transcendantalisme.

L’université Harvard devint en particulier un centre de l’unitarisme. C’est à la suite d’une controverse à propos de la nomination d’un professeur à la faculté de théologie de Harvard en 1825 que les unitariens se séparèrent des congrégationalistes. La plupart des unitariens actuels sont membres de l’Association universaliste unitarienne, fondée dans les années 1960. Les positions unitariennes sont aujourd’hui très éloignées de l’orthodoxie calviniste des congrégationalistes.

Croyances

Les congrégationalistes croient notamment au pédobaptisme[4], suivant en cela la stricte doctrine de Jean Calvin[5].

Notes et références

  1. (en) « Pewforum: Christianity (2010) » [PDF] (consulté le )
  2. Browne, Robert, A booke which sheweth the life and manners of all true Christians and howe unlike they are unto Turkes and Papistes, and heathen folke. 1582
  3. M. Schmidt, Pilgerväter, Die Religion in Geschichte und Gegenwart, 3. Auflage, Band V (1961), Tübingen (Allemagne), col. 384
  4. United Church of Christ, About Baptism, Site officiel, USA, consulté le 24 septembre 2016
  5. Jean Calvin consacre à cette question un chapitre entier de l'Institution de la religion chrétienne, où il estime que « le baptême succède à la circoncision » des temps bibliques en tant que signe d'appartenance au peuple de Dieu et de promesse de salut, issu de l'Alliance entre Dieu et les hommes ; voir : Jean Calvin, Institution de la religion chrétienne, livre IV, chapitre XVI "Que le baptême des petits enfants convient très bien à l'institution de Jésus-Christ et à la nature du signe.", p. 488 et suivantes

Sources

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