Édit d'Expulsion (1306)

En , le roi Philippe le Bel promulgua un édit imposant aux Juifs de quitter le royaume et annule toutes les créances qui leur sont dues. Le texte de cet édit est perdu. L'année suivante il donne l'ordre d'arrêter tous les Templiers et donne tous leurs biens à l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem.

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Les précédents

Le , Jean Ier le Roux, duc de Bretagne, comte de Richemond prend à Ploërmel une assise ou ordonnance qui expulse tous les Juifs de Bretagne, annule toutes leurs créances, et demande au roi de France une confirmation de ces assises par des lettres patentes[1].

En 1290, Édouard Ier d'Angleterre avait promulgué un édit d'expulsion les juifs d'Angleterre et avait voulu faire de même sur ses terres sous suzeraineté française en Saintonge et Agenais mais Philippe s'y était opposé craignant de voir les biens des juifs profiter à son ennemi anglais.

Philippe s'inspire aussi de son cousin Charles II d'Anjou : en 1289, il avait expulsé 1 000 juifs de ses comtés et levé sur tous ses sujets chrétiens une taxe pour financer la logistique de l'opération. En 1291, le roi de France expulse les juifs du Poitou et de Saintonge ce qui lui rapporte environ 60 000 livres tournois.

Beaucoup de juifs expulsés d’Angleterre se sont réfugiés à Carcassonne[2].

L'édit de 1306

Le texte et la date exacte de l'édit ont été perdus, mais d'autres documents royaux rapportent le déroulement de ses effets. Les arrestations débutent en et s'étalent sur plusieurs mois. Peu de juifs se convertissent et le nombre de personnes concernées par des arrestations, confiscations ou expulsions est actuellement estimé à environ 100 000 personnes. Le , une ordonnance royale recense les confiscations : monnaie, maisons, terres, meubles, vaisselle, vêtements et bijoux[3]. Les premières expulsions commencent officiellement le . Les biens des communautés sont vendus aux enchères[2].

Notes et références

  1. " À tous ceux qui les présentes lettres verront, Jean, duc de Bretagne, comte de Richemont, salut. Sachez que nous, sur la demande des évêques, des abbés, des barons et des vassaux de Bretagne, ayant examiné avec soin l’intérêt du pays, nous chassons de Bretagne tous les Juifs. Ni nous, ni nos héritiers n’en tiendrons jamais un seul sur nos terres en Bretagne et nous ne souffrirons pas qu’aucun de nos sujets en ait sur les siennes. Toutes les dettes contractées envers des juifs établis en Bretagne, de quelque manière et pour quelque raison que ce soit, nous les remettons entièrement et nous en donnons quittance. Toutes les terres hypothéquées à des Juifs, tous les gages mobiliers ou immobiliers détenus par eux feront retour aux débiteurs ou à leurs héritiers, sauf les terres et les autres gages qui auraient été vendus à des chrétiens par jugement de notre Cour. Personne ne sera accusé ou mis en jugement pour avoir tué un juif avant aujourd’hui. Nous prierons, nous engagerons de bonne foi et de tout notre pouvoir Monseigneur le Roi de France à confirmer par ses lettres la présente assise ou ordonnance, et nous nous portons garant pour notre père et pour nous que les dettes contractées en Bretagne envers les Juifs ne seront jamais payées sur les terres de notre père. Cette assise, comme elle est ici écrite, nous avons juré de bonne foi de l’observer à jamais ; s’il nous arrivait d’y contrevenir, tous les évêques de Bretagne ensemble ou chacun séparément, peuvent nous excommunier et mettre l’interdit sur nos terres sises dans leurs diocèses, nonobstant tout privilège obtenu ou à obtenir par nous. De plus, nous voulons et accordons que nos héritiers qui au temps à venir nous succèderont, quand ils auront atteint l’âge légitime, s’engagent par serment à fidèlement observer cette assise comme elle est écrite ici. Les barons, les vassaux et tous autres astreints à jurer fidélité au comte de Bretagne ne la jureront point ni ne rendront leur hommage à nos héritiers, tant que ceux-ci, dûment requis par deux évêques ou deux barons au moins au nom des autres, n’auront pas juré de garder cette assise fidèlement. Mais ce serment fait, les barons et tous ceux qui doivent fidélité au comte de Bretagne jureront fidélité et rendront hommage immédiatement à nos héritiers. Enfin, les évêques, les barons et tous les vassaux de notre duché ont juré et accordé que jamais ils ne recevront ni ne permettront de recevoir des Juifs dans leurs terres en Bretagne. Donné à Ploërmel, le mardi avant la Résurrection de notre Seigneur l’an MCCXXXIX.[=10 avril 1240 nouveau style] »
  2. Juliette Sibon, « 1306, l'expulsion des juifs du royaume de France », Cahiers de recherches médiévales et humanistes, no 16,
  3. Céline Balasse, 1306, l'expulsion des juifs du royaume de France, De Boeck, , 366 p. (ISBN 978-0-521-58150-9), p. 61

Bibliographie

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